Noël Coulet, Alice Planche, Françoise Robin, Le roi René: le prince, le mécène, l'écrivain, le mythe, 1982
Pierre Pégeot
2018
Rezensionen Noel Coulet, Alice Planche, Fran^oise Robin, Le roi Rene: le prince, le mecene, l'ecrivain, le mythe. Ouvrage publie avec le concours du Centre national des lettres, Aix-en-Provence (Edisud) 1982, 242 p., 72 ill. »Encore un livre sur le roi Rene!«, ainsi s'exclament les auteurs de ce nouvel ouvrage sur Rene d' Anjou, le roi des quatre royaumes qui n'a regne sur aucun. Mettant ä profit l'interet porte aux Angevins par les commemorations proven9aIes des evenements de 1480-81,
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... on des auteurs est de donner du personnage un autre portrait, celui qui est le moins connu: le roi mecene, le roi ecrivain. Propos delibere car »ce prince reste largement un inconnu«, trop idealise par la posterite (mise ä jour du »mythe« en fin d'ouvrage), sur l'ceuvre duquel bien des etudes restent ä faire (»tout un pan de la documentation nous echappe encore«), alors que sa vie politique n'a rien pour fasciner. Le parti-pris des auteurs eclate des le premier chapitre, consacre au »prince«. »La fin de Paventure angevine« est depechee en 40 pages. A ce prince ne cadet un »horizon chimerique« est ouvert et le conduit ä courir apres les couronnes. En Lorraine et Barrois il doit meriter des droits contestes qu'il n'a guere le temps de faire valoir et qu'il finit par ceder ä son fils en 1453. Il part ä la poursuite du »mirage italien« (Naples), fidele ä la tradition de famille, mais par deux fois s'y echoue (1438-42, 1461) tandis que le reve aragonais ne lui reussit pas mieux (1470). Prince fran5ais, il fait de la figuration aupres des rois; fidele ä Charles VII, il s'en trouve plutöt Pinstrument que Pinspirateur, et son attitude envers Louis XI est du genre capitularde. La fin de sa vie (1470-80) se deroule en Provence, toute entiere dominee par les intrigues autour de sa succession. Si les historiens proven §aux ont retenu de cette derniere periode Pimage d'un »bon roi«, »ä la retraite«, gueri d'aventures, rien n'est plus faux; Rene reste toute sa vie un »homme des bords de Loire« et, s'il meurt ä Aix, il se fait inhumer ä Angers. La Provence n'est pour lui qu'un agreable sejour, proche de PItalie au besoin, oü il puise la matiere fiscale pour financerses entreprises et oü il peut caser ses proches Angevins et Lorrains. Mauvais homme de guerre, mediocre politique, administrateur routinier, ce prince illustre Pimpossible construction d'un »Etat« angevin qui ne lui survit pas. Rene heureusement dispose d'autres titres de gloire. Comme tout grand prince de Pepoque, Rene se doit d'etre un mecene. »L'atmosphere de raffinement, de luxe et de culture« qui forme la tradition de la Cour d'Anjou, de meme que ses expeditions, les sejours dans ses possessions diverses qui ont Pavantage de le mettre au contact de foyers d'influence artistique differents, le predisposent ä jouer ce role de protecteur eclaire des arts; il fait alors preuve d'un goüt fort eclectique, puise ä tous les courants, s'entoure d'artistes venus de tous les horizons. Aux achats de produits tout faits (ä Paris, Aix, Avignon) il prefere de beaucoup passer commande des oeuvres qui lui sont utiles. Il le fait aupres des artistes des villes de ses Etats (Angers, Aix, Bar) mais il cherche davantage ä stipendier des maitres qui, toujours presents, travailleront pour lui et sa Cour. Ces »artistes de l'Hötel«, pensionnes et en plus remuneres ä la täche (une trentaine de peintres, orfevres, sculpteurs, des tapissiers, des musiciens), sont charges d'effectuer mille besognes, de la plus noble oeuvre au travail de serie. Toutes les influences se retrouvent a sa Cour; des artistes originaires des Pays de Loire comme des Flamands (P. du Billant, Barthelemy v. Eyck, N. Froment installe ä Uzes) y cötoient des Allemands, des Provenfaux, des Italiens (F. Laurana). Leurs ceuvres servent ä embellir le cadre de vie du roi et ä traduire sa magnificence ou sa piete (cf. le retable du Portement de Croix, de F. Laurana, offen par Rene au couvent des Celestins d'Avignon) et l'on voit ses gouts: la peinture flamande, la sculpture italienne, la tenture plus que la tapisserie. Cette activite de mecene se double d'une frenesie de collectionneur, accumulant les medailles »ä Pitalienne« (representant le prince, ou des allegories), de multiples pieces d'orfevrerie (dont rien n'a subsiste), des manuscrits richement enlumines qu'il achete ou commande ä ses artistes. Il n'en est pas moins non plus un roi bätisseur. Les grandes residences fortifiees, qui conviennent ä la vie publique, ne l'interessent que pour y effectuer des amenagements internes, embellir le decor,
doi:10.11588/fr.1983.0.51314
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