Il n'y a de grâce qu'insensée

Jean-Daniel Causse
2010 Etudes théologiques et religieuses  
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more » ... st précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) * Jean-Daniel CAUSSE est professeur à l'Université Paul-Valéry-Montpellier III (département de psychanalyse) et à l'Institut Protestant de Théologie, Montpellier (département d'éthique). 1 Je me suis efforcé de développer une réflexion à ce sujet dans L'instant d'un geste. Le sujet, l'éthique et le don, Genève, Labor et Fides, 2008 2 . IL N'Y A DE GRÂCE QU'INSENSÉE Considérant la triade conceptuelle « don », « grâce » et « participation », Jean-Daniel CAUSSE * se propose d'étudier particulièrement l'axe qui relie la grâce à la participation. Après avoir rappelé quelques lieux classiques de la discussion théologique, il montre que la grâce chrétienne se caractérise par une démesure qui est qualitative et non pas quantitative. Le « surcroît » de la grâce a ceci de spécifique qu'il permet à l'être humain de ne pas s'identifier avec ce qu'il sait de lui ou avec la place à laquelle il se trouve assigné. La grâce rompt ainsi avec le monde du sens avant de rouvrir son éventail. Un tel mouvement de la grâce et de son inscription se trouve éclairé, d'une manière exemplaire, par le récit évangélique de la femme adultère (Jn 8, 1-11) dans lequel Jésus, par deux fois, écrit sur le sable. Dans l'histoire de la pensée chrétienne, les trois concepts de « « don » », « grâce » et « participation » ont fait l'objet d'une articulation qui a pris diverses formes et qui a donné lieu à des discussions souvent conflictuelles. Au sein de cette triangulation, la notion de « participation » occupe une place particulière à laquelle on va ici s'intéresser. Mais, si nous considérons d'abord l'axe qui va du « don » à la « grâce », la question se pose de savoir comment distinguer ces deux termes -puisqu'ils sont reliés sans être confondus -et quel sens leur attribuer. Dans la mesure où la présente étude concerne l'axe qui relie la grâce à la participation, on posera le problème sans le thématiser. Relevons simplement que le don n'est pas forcément gracieux. Le don conserve une ambivalence qui empêche de le rattacher systématiquement au « bon » ou au « bien », ou encore au « juste ». En effet, il est nécessaire de s'interroger sur ce qui se donne dans le don, souvent à l'insu du donateur et du donataire, afin de pouvoir discerner entre différents aspects du don 1 . Jacques ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES 85 e année -2010/3 -P. 359 à 369
doi:10.3917/etr.0853.0359 fatcat:dad6hm7yxvdyveaw42tvu6ta5e