Un siècle d'enseignement du « fait colonial » dans le secondaire de 1902 à nos jours
Laurence De Cock
2012
Histoire Politique
Laurence De Cock, « Un siècle d'enseignement du "fait colonial" dans le secondaire entre 1902 et aujourd'hui », Histoire@Politique. Politique, culture, société, n° 18, septembre-décembre 2012 [en ligne, www.histoire-politique.fr] 1 Un siècle d'enseignement du « fait colonial » dans le secondaire de 1902 à nos jours Laurence De Cock De la question de l'immigration aux relations internationales, le colonial s'impose aujourd'hui dans les débats publics comme un prisme usuel pour appréhender
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... lité. L'école s'y trouve souvent épinglée comme complice d'une histoire au mieux mal enseignée, au pire occultée. Il va de soi que la réalité est beaucoup plus complexe. L'étude de l'enseignement d'une question, quelle qu'elle soit, ne relève pas simplement de vagues souvenirs ou d'un regard rapide sur des programmes et sur quelques manuels. Un savoir scolaire subit un processus de transformation long et complexe entre son élaboration (le choix de l'inclure dans le montage du curriculum) et son appropriation par les élèves. Il est le fruit de plusieurs étapes de traduction, à la fois successives et simultanées, qui rendent sa réalité et son efficacité très difficiles à mesurer 1 . L'étape la plus obscure reste celle de la « boîte noire » de la classe. Le colonial n'échappe pas à la règle. Si nous disposons de quelques enquêtes de l'INRP (aujourd'hui IFE) 2 concernant les pratiques d'enseignement de l'histoire de l'immigration ou des traites 3 − surtout pour le primaire −, nous n'avons comme sources pour celles du « fait colonial » que quelques enquêtes sporadiques. Cependant, d'autres méthodes d'investigation permettent de rompre avec le schéma d'un « passé qui ne passe pas 4 » ou demeuré trop longtemps tronqué à l'école. Ainsi, en combinant les effets de conjoncture, les réseaux d'acteurs intervenant sur les programmes, les prescriptions puis leurs transpositions dans les manuels scolaires ainsi que quelques échos de pratiques, on peut tenter de rendre compte d'un siècle d'enseignement du « fait colonial » entre 1902 et aujourd'hui. Nous concentrerons notre étude sur l'enseignement public secondaire général, laissant de côté l'enseignement technique (qui devient « professionnel ») et technologique. Dès la fin du Second Empire sous le ministère Duruy, l'enseignement de l'histoire s'étend jusqu'aux périodes contemporaines afin de remplir sa mission d'édification citoyenne.
doi:10.3917/hp.018.0179
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