Mark Edwards: Religions of the Constantinian Empire
Ilaria L.E. Ramelli
2018
Gnomon. Kritische Zeitschrift für die gesamte klassische Altertumswissenschaft
l'idée de la protection du citoyen est réaffirmée fortement à différents moments de l'histoire romaine (comme le montrent les lois sur la provocatio ou la loi Sempronia de capite civium), elle est aussi fortement remise en question à partir du IIe siècle par les proscriptions, les lois de hostibus, les sénatus-consultes dits ultimes; ou encore par les faits et dires du même Cicéron qui, tout en affirmant dans le pro Balbo, qu'on ne peut enlever la citoyenneté à un citoyen malgré lui, fit mettre
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... à mort les conjurés sans procès sept ans auparavant. Si l'idée de droit naturel permet de justifier toutes ces mesures, qui définit ce droit? Et que vaut l'autre discours qui revendique sa propre légitimité? La même question pourrait être posée à propos du maintien des garanties sous le principat: le discours des empereurs sur leur souci de la chose publique et sur la restauratio des mores ne peut être pris à la lettre. Cette absence d'historicité est d'autant plus frappante dans les chapitres 4-5 et révèle un autre problème: l'accumulation d'exemples hétérogènes ou du moins d'exemples dont Pani ne définit pas précisément ce qui les unit. Qu'est-ce qui fait le lien entre la notion du droit naturel que défend Cicéron et la notion de consensus dans l'idée de societas en droit privé? Entre le souci de soi et la parole individuelle des juristes? Outre que la chronologie n'est pas la même, il manque peutêtre une réflexion plus approfondie sur des notions centrales pour le propos: la notion d'auctoritas, par exemple, qui aurait permis de mieux appréhender la législation du IIe siècle ou le statut de la parole des jurisconsultes tout comme le travail critique de la fin de la République, mais aussi celle d'aequitas, qui soustend les évolutions du droit romain et l'oeuvre fondamentale des préteurs et qui, dans ce livre, n'a qu'une place très marginale. D'autres points de détail pourraient être discutés, mais on doit surtout saluer dans cet ouvrage la marque d'un grand spécialiste de la politique antique, qui n'a cessé de questionner les rapports entre savoir et pouvoir, 1 la nature de la politique romaine, 2 les théories politiques, 3 jusqu'à la création de la revue Politica antica qu'il eut le bonheur de fonder en 2011, peu avant sa disparition en 2015.
doi:10.17104/0017-1417-2018-1-57
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