« Une rumeur sous-terraine » Entretien avec Olivier Smolders

Arne De Winde, Sientje Maes, Bart Philipsen
unpublished
Processus fantasmatique Dans un exposé sur « Mort à Vignole », vous affirmez que « les images violentes sont traversées par un point aveugle ». Pourriez-vous développer cette réponse à « l'image de l'innommable » ? Une image anodine en apparence peut être très violente dans l'effet qu'elle produit. Une image qui exhibe la violence peut, à contrario, être inoffensive. « Funny Games » est un film extrêmement violent, bien qu'il ne montre quasi pas la violence elle-même. A l'inverse, des films
more » ... rreurs qui exhibent une violence extrême prêtent plutôt à sourire. Les images d'actualité, parfois très dures, inspirent des sentiments contradictoires qui vont de la compassion à l'effroi, en passant par l'indifférence ou la protestation de pure forme. En réalité la violence ne relève qu'assez peu du champ du « représentable » car elle procède moins de la perception sensorielle (facilement stimulable) que du travail de l'imaginaire. L'innommable n'est pas dicible, et encore moins « montrable » car c'est un phantasme qui prend des formes très variées selon les individus. Le processus fantasmatique fonctionne-t-il également dans la direction opposée ? C'est-à-dire, les images innocentes dans vos films ne sont-elles pas immanquablement affectées par la présomption de « l'innommable »?
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