Éthique et prélèvements d'organes sur donneurs décédés après arrêt cardiaque
Corinne Antoine, Alain Tenaillon
2010
M S.Médecine Sciences
Titre auteur Hypothese Debat 328 M/S n° 3, vol. 26, mars 2010 MEDECINE/SCIENCES 2010 ; 26 : 328-30 L'article de J.C. Tortosa et al. paru dans le numéro de février 2010 de Médecine/Sciences (➜) [1] aborde de façon claire et avec un point de vue personnel quelques-uns des principaux problèmes éthiques soulevés par la pratique des prélèvements d'organes réalisés sur des patients décédés après arrêt cardiaque. Comme le souligne bien l'article, certains problèmes éthiques sont différents selon que
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... donneur potentiel fait un arrêt cardiaque de façon « programmée » dans un service de réanimation en raison d'une décision d'arrêt des thérapeutique actives (classe III des critères de Maëstricht), pratique qui concerne essentiellement les États-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Belgique, ou s'il fait cet arrêt de façon spontanée dite « non programmée » en présence (classe II) ou en l'absence (classe I) d'une équipe de secours, pratique qui concerne alors essentiellement la France et l'Espagne. Nous voudrions cependant apporter sinon un point de vue différent, du moins quelques précisions sémantiques ou techniques et une interprétation éthique complémentaire. • Le choix délibéré du Dr Tortosa d'utiliser le terme devenu classique de « donneur à coeur arrêté » peut être mal compris et créer un doute quant à la réalité de la mort, ambiguïté qui persiste tout au long de l'article. Après une longue réflexion, l'Agence de la biomédecine a banni cette appellation pour lui préférer celle de « donneur décédé après arrêt cardiaque » (DDAC), de façon à clairement indiquer que la règle du donneur décédé doit être appliquée avant de parler de donneur, et que le décès doit être constaté avant toute démarche technique à visée de prélèvement d'organe (la même démarche a été faite pour le donneur en état de mort encéphalique appelé dorénavant « donneur décédé en mort encéphalique » , DDME). • Le deuxième point concerne le terme d'arrêt cardiaque « irréversible » pour définir la mort d'un sujet. À nouveau, ce terme est impropre car la mort, dans la plupart des pays, est actuellement définie par la destruction des structures encéphaliques ; le caractère irréversible ou non de l'arrêt cardiaque n'a donc que peu d'importance, ce qui compte est la durée de l'insuffisance et de l'arrêt de la perfusion cérébrale qui vont être responsables d'une destruction, elle irréversible, des structures encéphaliques. Il n'y a donc pas de paradoxe à avoir dans certains cas un décès survenu à la suite d'un arrêt cardiaque par destruction encéphalique et la possibilité d'avoir un coeur non battant quoique encore
doi:10.1051/medsci/2010263328
pmid:20346287
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