Les réseaux rattrapés par l'environnement ? Développement durable et transformations de l'organisation des services urbains
Cédric Le Bris, Olivier Coutard
2008
Flux
L es réseaux d'eau, d'assainissement des eaux usées et pluviales, de fourniture d'énergie, de collecte et traitement des déchets sont sinon des « services à l'environnement », selon la formule adoptée par un grand groupe de services urbains, du moins des dispositifs sociotechniques de maîtrise de l'environnement (ressources, milieux) afin de satisfaire les besoins et les exigences des activités humaines. Et les transformations des réseaux peuvent être vues comme la mise en oeuvre de modalités
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... ccessives de maîtrise de l'environnement -que l'on songe par exemple aux « trois phases » du service public de l'eau, correspondant à trois paradigmes techno-scientifiques : génie civil ; génie sanitaire ; génie de l'environnement (Barraqué, 2005) -même si les observateurs ont souvent mis l'accent sur les vertus circulatoires ou connectives des réseaux (Saint-Simon). Tout au long de leur existence séculaire, bi-séculaire même, les réseaux ont fait l'objet de critiques plus ou moins vives et plus ou moins partagées quant aux principes écologico-fonctionnels sur lesquels ils reposent : circulation linéaire des flux (prélèvement, approvisionnement, rejet) ; efficacité technicoéconomique (économies d'échelle et d'envergure) ; fonctionnement à l'échelle large des régions urbaines ou des espaces nationaux (voire supranationaux). Cependant ces critiques sont restées éparses, elles ne se sont pas cristallisées dans une remise en cause d'une conception selon laquelle le réseau était la forme la plus performante -à tous points de vue -de fourniture des services urbains ; la performance du réseau croissait avec sa taille (son emprise spatiale, le nombre et la diversité des usagers raccordés) ; et que la solution aux problèmes créés par les réseaux résidait dans les réseaux eux-mêmes, dans leur extension plus grande, leur gestion plus centralisée, leur sophistication technique accrue. Mais les principes fonctionnels des grands réseaux techniques (eau et assainissement, énergie, déchets) sont aujourd'hui mis en question sous l'effet, notamment, de la montée des préoccupations environnementales. À la circulation linéaire des flux favorisée par les réseaux (prélèvement de la ressource, approvisionnement des zones peuplées, puis évacuation des déchets) est désormais préférée une circulation (re)bouclée des flux d'eau, d'énergie, de matières (recyclage, réutilisation). Au référentiel de l'efficacité technico-économique (économies d'échelle et d'envergure ; gestion de flux) est préféré un modèle de la performance écologique (préservation des ressources et des milieux ; gestion de stocks). À l'échelle large des réseaux conventionnels (régions urbaines, espaces nationaux...) est préférée l'échelle locale du bâtiment, de l'îlot, du quartier. À la Les réseaux rattrapés par l'environnement ? Développement durable et transformations de l'organisation des services urbains Cédric Le Bris et Olivier Coutard
doi:10.3917/flux.074.0006
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