Contribution à l'étude physiologique des courants unipolaires

R. Baroncelli
1887
La méthode unipolaire souleva dès son début de vives discussions, et eut de suite beaucoup d'adversaires. On commença par objecter qu'il est impossible d'établir une action polaire tout â fait isolée dans un nerf, car, si par . la peau on fait entrer un courant dans un muscle ou dans un nerf, ce même courant doit en sortir pour arriver vers l'autre pôle de la pile, et dans le point de sortie ou d'entrée, suivant qu'il s'agit du pôle positif ou négatif, il se crée un autre pôle. Donc, disait-on,
more » ... ce système n'est pas, à proprement parler, unipolaire. Dans le sens abstrait, cette objection est juste, parce qu'un courant ne peut pas être seulement positif ou négatif, dans un organe qui a une certaine étendue comme un nerf ou un muscle; mais c'est autrement qu'il faut con1prendre le mot «unipolaire)). En effet, dans la méthode unipolaire, il n'y a qu'un pôle qui soit physiologù]tW?nent actif, tancli~ qu'à l'autre on donne une surface tellement grande, que sa densité ne suffit plus pour déterminer une action excitante quelconque, surtout si le courant dont on se sert est relativernent faible. Donc, théoriquement,. il n'existe pas de courant unipolaire, mais quant aux ·réactions physiologiques, on peut l'obtenir à la condition, cependant, de rendre nulle ou presque nulle l'action d'un des deux pôles d'un courant relativement faible, en distribuant l'un des deux pôles sur une très large surface. C'est la condition sine qu.OE non des recherches sur les courants unipolaires. Or, Brenner et ses successeurs, partant d'un but pra-\\~\l~ ~~ tbera.1)e\ltiq_ue, n crn.t -pas tenu com)_Jte Ile cette circonstance, car même en appliquant une des électrodes -9immédiatement sur le nerf qu'ils voulaient irriter, ils se sont toujours servis d'une force électro-motrice et d'une intensité trop grandes. Les physiologistes, effrayés par la dénornination qu'on donna de suite à cette 1néthode, dénomination qui leur setnblait une monstruosité scientifique, ne s'occupèrent pas de la question de l'unipolarité. Cependant; parmi les physiologistes français, le professeur Chauveau, de Lyon, entreprit une série d'expériences à l'instar de celles de Brenner, mais, comme lui, il négligea les conditions, indispensables à notre avis, d'une bonne et sûre méthode unipolaire, c_ar il ne contrôle pas scrupuleusement l'intensité,. et ne donne pas à un des deux poles une assez grande étendue. CHAPITRE II Quelle est la définition de la méthode unipolaire? << C'est la méthode par laquelle on empêche l'un des << deux pôles d'être actif, en cherchant à donner au «pôle indifférent' une densité tellement faible~ qu'il «devienne incapable de produire un effet physiologique (( déjà à sa sortie de l'organe immédiatement irrité. )) Théoriquement, on a reconnu que le courant unipolaire ne peut être réalisé qu'en tenant compte de l'intensité du courant et de la position de l'électrode, qui nous donnent la sùreté suffisante qu'un des pôles est réellement inactif, et, pour avoir cette sûreté, il faut choisir dans les expériences l'intensité la plus faible du pôle qui agit encore sur le point le plus excitable du nerf, pendant que tous les autres points du nerf sont inexcitables pour l'inten~ité choisie si on applique l'un ou l'autre des deux pôles. \ On nppe\\e 1nàin'J.tent celui des cleux pôles qui est le moins actif, par rapport au plus aclif, qu'on appelle différent.
doi:10.13097/archive-ouverte/unige:26569 fatcat:2ts4brluobhplpg56vzrm73xfy