De l'absence de structures pour la conservation et la diffusion du patrimoine oral

Dominique LANNI
1996 Hermès  
Paradoxalement, les traditions de l'oralité ne sont pas uniquement le fait de sociétés perdues au fond d'une forêt dense dans un coin reculé du monde. Cette vision exotique encore vivace, portée par les sociétés de tradition écrite qui oublient qu'une partie de leur histoire s'est constituée autour de la parole, est la même que celle qui, il y a deux siècles de cela, discréditait l'oralité et conduisait Rousseau à écrire : « La peinture des objets convient aux peuples sauvages, les signes des
more » ... ts et des propositions aux peuples barbares, et l'alphabet aux peuples policés» 1 . Aujourd'hui, la multiplicité des actions menées en faveur de la sauvegarde du patrimoine oral atteste une indéniable prise de conscience et un regain d'intérêt certain pour ce patrimoine trop longtemps négligé et déprécié. Il reste que le manque de structures destinées à sa conservation et à sa transmission, assimilable à une absence, est regrettable et ce, à plusieurs titres. Cet article propose de recenser les facteurs qui ont contribué à la lente extinction d'une multiplicité de créations collectives, de présenter les problèmes méthodologiques posés par l'oralité et les solutions apportées pour rendre compte de la difficulté, mais également de la nécessité de créer des structures pour la conservation et la diffusion du patrimoine oral. HERMÈS 20, 19% 109
doi:10.4267/2042/14912 fatcat:lblmpmig6zdy5nul2c3mhtylje