Des tables pascales aux tables astronomiques et retour

Max Lejbowicz
2006 Méthodos  
Si Christus non resurrexit, inanis est ergo praedicatio nostra, inanis est et fides vestra. 1 Cor 15, 14 Tolle numerum omnibus rebus et omnia pereunt. Adime saeculo conputum, et cuncta ignorantia caeca conplectitus. Isidore de Séville, Origines, III, 4, 4 Le catalogue anonyme de la bibliothèque du prieuré de l'Église du Christ de Cantorbéry daté du XIV e s., mentionne un Compotus Adelardi. L'attribution à Adélard de Bath d'un traité sur le calendrier ecclésiastique a été également soutenue vers
more » ... le milieu du XVIII e s. par Thomas Tanner dans sa volumineuse Bibliotheca britannico-hibernica. Après les travaux, novateurs en leurs temps, d'Amable Jourdain sur les traductions arabo-latines du XII e s., repris et vigoureusement développés par Charles Haskins puis, de nos jours, par une pléiade d'arabisants 1 , il apparaît qu'Adélard n'a pas rédigé un traité de cette sorte et qu'il n'était probablement pas porté à le faire. L'Anonyme et Tanner ont parcouru trop rapidement le texte qu'ils avaient sous les yeux et n'ont pas reconnu soit les Tables astronomiques d'al-Khwārizmī, traduites effectivement par Adélard vers 1126, soit les Regule abaci du même Adélard 2 , peut-être rédigées lors d'un enseignement à Laon vers 1110 3 . Les deux oeuvres témoignent éloquemment, dans les disciplines qu'elles illustrent, des contacts établis par les Latins avec la culture d'expression arabe : dès le IX e s. et parcimonieusement pour les Regule abaci ; durant le XII e s. et à grande échelle pour la traduction latine des Tables astronomiques d'al-Khwārizmī. Le rappel de ces errements érudits ne vise pas à discréditer leur auteur mais, paradoxalement, à les dédouaner : en commettant une erreur factuelle, ils ont exprimé un fond * Une première version de ce texte a été présentée au colloque La méthode critique au Moyen Âge organisé par l'université de Metz et l'ÉPHÉ, V e section (Metz, 15-17 mars 2004 ; les actes sont sous presse chez Brepols). La présente version a bénéficié des compétences de et Dáibhí Ó Cróinín, que je remercie tous très vivement, à des titres divers. (Les chiffres en gras renvoient aux parties ou aux sous-parties. Les chiffres en italiques renvoient aux notes, soit qu'elles se rattachent au texte qui contient les informations, soit qu'elles les contiennent.) Abbon de Fleury, 191 Adélard de Bath, 2, 3
doi:10.4000/methodos.538 fatcat:j7linzvyerdu3pfukp4whnn2ja