Sahuyé, un village Abidji situé au sud d'Abidjan en Côte d'Ivoire : l'électricité coupée, tout est plongé dans les ténèbres d'une nuit sans lune. Le silence prépare le village pour le lendemain quand le Dipri, la célébration annuelle des récoltes, aura lieu. Commence ainsi le récit de Laura S. Grillo dans un certain esprit des ethnographies d'antan par son ton évocateur qui immerge le lecteur dans une « atmosphère carnavalesque » (p. 1). Cette ambiance prélude à la connaissance de l'Egibiki :

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... rituel féminin, secret et nocturne, emblème de la « réprimande intime », titre efficace de ce livre que l'auteure reprend d'une citation de l'africaniste John Lonsdale (p. 238). Les protagonistes sont les corps des femmes, notamment leurs parties intimes et les symboles qui les entourent, où se trouvent les fondements d'un pouvoir lié à une période de la vie féminine où l'on pourrait penser que ce pouvoir n'existe plus. C'est la ménopause, déjà étudiée par les anthropologues comme moment de transition individuelle et sociale et grâce auquel les femmes qui ne peuvent plus avoir d'enfants atteignent généralement un nouveau statut au sein de certaines sociétés où, parfois, elles sont assimilées au genre masculin par rapport au pouvoir. Mais pour Grillo, c'est un genre double et ambigu qui reflète l'autorité morale et spirituelle des femmes ménopausées. Une interprétation intéressante, mais qui aurait mérité une historicisation plus profonde au regard des relations locales de genre.