Un singulier langage : [1ère partie]

R.-H. Reymond
1922
Suzette: -Et, s'ils allaient ne pas être contents Mme Morel. --Avec ça! Moi, je vous en réponds. Suzette. -Mon Auguste qui est tant habitué à mes petits plats... Mme Morel. (Finement). -Il les appréciera d'autant plus quand il aura goûté autre chose. Suzette. (Presque vaincue). -Monteh, monteh, vous me bouleversez toute avec vos idées... Mme Morel. -Tant mieux, c'est bon signe Vous me remercierez, Suzette, vous verrez (On entend un coup de sonnette.) Suzette. -Euh, les voilà Ne partez pas,
more » ... e Morel, je me sens toute abandonnée Mme Morel. -Mais, je ne veux pas rester ici. Je vais vite dans cette chambre et je m'en irai quand ils seront dedans. (Elle disparaît à droite, tandis que Suzette sort au fond.) M. Matter-Estoppeij. LE COMPTOIR DE 1922 Il pleuvait. Le Comptoir, sous la brume imprécise, Apparaissait maussade, ainsi qu'une prison. Après l'averse grise,une autre averse grise Alourdissait les plis des drapeaux. Un frisson Secouait les tilleuls, au long des avenues. Il pleuvait. U pleuvait toujours. Les Lausannois Anxieux, regardaient se déverser les nues. Une angoisse étreignait le coeur des vrais Vaudois. Là-haut, dans le Jorat, assis devant sa grange, Sami fume sa pipe et regarde pleuvoir. Pas moyen de faucher le regain. Ça dérange Tous ses plans. Mais Sami ne se fait pas du noir Pour des riens. U appelle : « Ecoute-voi, Marianne, Par ce temps, tout de même, oh ne fait rien par là. Que dirais-tu d'aller faire un tour par Lausanne, Visiter le Comptoir C'est mercredi. Voilà
doi:10.5169/seals-217500 fatcat:jwu24bzxfzgwfhgtb7l6kw7t6y