Le « français populaire » dans le champ artistique francophone

Amadou Bissiri
2001 Cahiers d'Etudes Africaines  
Référence électronique Amadou Bissiri, « Le « français populaire » dans le champ artistique francophone », Cahiers d'études africaines [En ligne], 163-164 | 2001, mis en ligne le 31 mai 2005, consulté le 26 janvier 2017. URL : http://etudesafricaines.revues.org/120 ; DOI : 10.4000/etudesafricaines.120 Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. © Cahiers d'Études africaines Amadou Bissiri Le « français populaire » dans le champ artistique francophone Les paradoxes d'une existence On
more » ... t sans ambages affirmer que sur le plan de l'innovation linguistique, la littérature africaine francophone est bien à la traîne par rapport à la littérature africaine anglophone. Je m'en tiendrai ici à l'attitude concernant le parler populaire. Alors que d'un côté on en est à produire des poèmes, des pièces ou des romans entiers en pidgin, et ce à la suite de longues années d'expérimentation de toutes sortes à l'intérieur des textes romanesques ou dramatiques écrits en anglais classique ou africanisé, de l'autre, on constate avec Jean Sévry (1997 : 32) que « c'est en vain [...] que l'on cherchera dans la littérature africaine de la francophonie le recours au moussa d'Abidjan, ou au petineg ». Une situation bien curieuse et paradoxale quand on prend en compte un certain nombre de facteurs -littéraires et autres -sur lesquels je reviendrai. Je voudrais ici d'abord faire quelques remarques de terminologie et de contextualisation, avancer quelques éléments explicatifs du paradoxe, et ensuite discuter de quelques avantages liés à une utilisation éventuelle du français populaire comme langue littéraire par les auteurs de la francophonie africaine. Dans son étude sur la question de l'identité francophone au Burkina Faso, Claude Caitucoli (1998 : 18) conclut à l'existence de douze identités francophones. Que dire alors a fortiori de la question prise dans un ensemble plus large qu'est l'Afrique noire francophone qui est faite de similarités mais aussi de différences souvent énormes selon les pays ou les régions ? À la suite du linguiste, je voudrais seulement retenir, au-delà des différences, l'omniprésence de deux pôles de français : la langue acrolectale et la langue basilectale -l'une savante acquise à l'école, et l'autre non savante apprise essentiellement sur le tas et favorisée par plusieurs phénomènes dont notamment l'urbanisation. C'est cette dernière, que certains appellent pidgin, peutêtre par abus de langage, et d'autres français populaire, qui m'intéresse surtout ici. Elle est plus ou moins prononcée selon les pays, avec, en ce qui concerne l'Afrique de l'Ouest, la Côte-d'Ivoire en tête, suivie sans doute
doi:10.4000/etudesafricaines.120 fatcat:jaczd2qtzbcv7kexwvcpj63mqa