Capitalisme politique et développement dépendant en Asie du Sud-Est

François Bafoil
2013 Revue de la régulation  
Revue de la régulation, 13 | 1er semestre / Spring 2013 François Bafoil Capitalisme politique et développement dépendant en Asie du Sud-Est Le cas des États « très en retard » de développement, Laos et Cambodge Pour définir les formes du capitalisme qui voient le jour dans la plus grande partie du Sud-Est asiatique non communiste, les définitions abondent. Au « capitalisme des copains » (« croynism capitalism ») qui renvoie à la distribution des ressources publiques à la famille et au cercle
more » ... affidés du Boss (Pye, 1985 ; Studwell, 2008) ; Yoshihara ajoute le concept de « capitalisme résiduel » (« ersatz capitalism ») pour en retenir seulement l'aspect du profit extorqué massivement par une minorité d'individus étroitement connectés les uns aux autres (Yoshihara, 1988). Akira Suheiro parle de « capitalisme bureaucratique » pour désigner la coalition en Thaïlande des élites politiques, administratives et militaires qui dirigent les firmes en coopération avec les investisseurs étrangers et notamment, les groupes chinois (Suheiro, 1996). Dans le même ordre d'idée, Jayasurija use du terme de « capitalisme de nomenklatura » pour « éclairer l'étroite liaison entre les élites politiques et les cartels domestiques protégés » qui trouve son prolongement dans la notion de « mercantilisme inséré » dans les milieux locaux (« embedded mercantilism »), (Jayasurija, 2003, p. 348). Au-delà de leur variété et de leur généralité, tous ces termes relèvent d'un type d'économie politique qui entend expliquer la formation et la consolidation des agencements nationaux particuliers à partir de trois dimensions étroitement connectées entre elles : la trajectoire historique nationale ; l'association entre acteurs politiques, économiques, militaires, domestiques et étrangers ; les formes particulières d'organisation régionale supra nationales.
doi:10.4000/regulation.10103 fatcat:juwxvk6gf5bgvfrrs6cj5hcg2m