La théorie des ressources communes : cadre interprétatif pour les institutions publiques ?

Alain Létourneau
2015 Éthique Publique  
Le cadre conceptuel qui va de pair avec l'étude des ressources communes, un domaine de recherche foisonnant et très spécialisé, doit être distingué du « mouvement des communs » même si ce dernier puise dans le précédent 1 . Nous présentons plus bas quelques éléments de base auxquels il est souvent fait référence, et qui sont surtout basés sur les premiers travaux connus d 'Elinor Ostrom (2010) . Plus récemment, la tâche menée par les chercheurs spécialisés dans l'étude des communs, qui a
more » ... s été surtout analytique, s'est centrée sur deux outils qui permettent des analyses nouvelles, soit le cadre général (framework) de l'analyse et du développement des institutions (IAD) ainsi que celui qui permet l'analyse des systèmes socioécologiques (SES), avec les plus récents développements autour des systèmes socioécologiques et techniques (SETS), qui concernent par exemple la fourniture d'électricité à une communauté (McGinnis et Ostrom, 2014) . Les développements de ces différents modèles se poursuivent et, pour le moment, il n'y a pas d'outil vraiment au point pour analyser adéquatement le genre d'« objets » sociaux que nous allons considérer ici, qui sont d'une complexité plus grande que les SETS. En effet, nous pensons ici aux services collectifs assumés par l'État qui impliquent par définition un grand nombre d'acteurs, de tâches et de ressources conjuguées en une multiplicité de paliers d'action finement coordonnés. 2 Pour rester cohérents avec l'approche des communs, centrée sur des éléments spécifiques comme l'eau, la forêt ou un réseau d'utilisateurs du Web, nous pouvons laisser de côté l'État dans sa globalité, pour considérer plutôt ses différentes ressources en les situant dans le contexte de leurs usages par certains types d'utilisateurs, qu'on peut appeler des « appropriateurs » au sens d'Ostrom. L'enjeu serait de valider les expressions ordinaires que tous emploient lorsque nous parlons de « nos écoles » ou de « nos hôpitaux », en mettant l'accent sur la première personne du pluriel : si les institutions peuvent être La théorie des ressources communes : cadre interprétatif pour les institution...
doi:10.4000/ethiquepublique.2284 fatcat:l4t7234hxrfdbkzxzvhwycam3a