« La musique... L'expérience même de l'appropiation impossible ». Quelques variations sur un thème de Jacques Derrida
Marie-Louise Mallet
2012
Escritura e Imagen
Resumen Desde sus comienzos, la relación de la filosofía con la música ha sido sin duda problemática. ¿Qué herencia nos ha dejado Jacques Derrida al respecto? Aunque no mantuvo ninguna tesis sobre la música «como tal», ha abierto un camino -otro camino-hacia la misma, hacia su escucha. Frente a la primacía óptico-háptica de la ontología y su logofonocentrismo, Derrida nos acerca, a través de la escucha, a la experiencia como apropiación imposible de la différance que encierra la variación
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... da del material sonoro y, más allá de toda presencia, a la experiencia inaccesible de la luz de un duelo originario, donde, en la velocidad infinita de un presente sin pasado y siempre por venir, se entrecruzan la vida y la muerte, la memoria y la espera. La cadencia con la que termina el Concierto de Brandenburgo nº 5 en Re Mayor de J. S. Bach y el finale de la Sonata en do menor de Schubert pueden ser dos bellos ejemplos para esa experiencia indecidible. Abstract From its beginnings, the relationship between philosophy and music has always been problematic. What is Derrida's legacy to us on this subject? Although he did not develop a thesis about music "as such", he opened up a path -another path-to music, and its listening. Against the optical-haptical primacy of ontology and its logo-phono-centrism, Derrida leads us, through this process of listening, to experi-Escritura e imagen Vol. ext. (2011): 41-56 ISSN: 1885-5687 http://dx.doi.org/10.5209/rev_ESIM.2011.37673 41 « La musique... l'expérience même de l'appropriation impossible ». Quelques variations sur un thème de Jacques Derrida Marie-Louise MALLET escrituraeimagen@filos.ucm.es ence as impossible appropriation of the différance which entails the modulated variation of sonorous matter, and, beyond all presence, to the inaccessible experience of light of an original mourning which, at the infinite speed of a present with no past and yet to come, life and death, memory and wait, intertwine. The ending cadence of the first movement of J. S. Bach's Brandenburg Concerto No 5 in D major, and the Finale of Schubert's Sonata in C minor are two fine examples of this undecidible experience. En guise de prélude, quelques mots sur l'image qui fait l'affiche du colloque. Quand je l'ai découverte, j'ai pensé qu'elle était comme pré-accordée à mon propos. Ce n'est pas une photographie, mais une silhouette seulement, ce que Kierkegaard, dans Ou bien... Ou bien, nomme « tracés d'ombres 1 », semblable à cette silhouette que dessine Dibutade, en suivant sur un voile (ou sur un mur) la trace de l'ombre portée de l'amant dont elle va être séparée. Vous vous souvenez de la place qu'occupe cette légende dans Mémoires d'aveugle et comment Jacques Derrida en fait l'emblème de sa pensée d'un aveuglement comme origine et condition insurmontable du dessin. Dibutade, en effet, ne voit pas son amant qu'elle dessine, elle ne voit que son ombre. Le dessin, à l'origine, est donc, dit Jacques Derrida, « une skiagraphia », une « écriture de l'ombre », un « tracé d'ombre », une représentation graphique liée à l'absence ou à l'invisibilité du modèle : Comme si voir était interdit pour dessiner, comme si on ne dessinait qu'à la condition de ne pas voir, comme si le dessin était une déclaration d'amour destinée ou ordonnée à l'invisibilité de l'autre, à moins qu'elle ne naisse de voir l'autre soustrait au voir. [...] Elle écrit, donc elle aime déjà dans la nostalgie 2 . Le dessin voudrait saisir l'insaisissable, garder une présence qui se dérobe, apaiser cette nostalgie, guérir cette douleur d'un impossible retour ou d'un retour douloureux de la perte. N'est-ce pas ce qui pousse Jacques Derrida lui-même, lui qui Escritura e imagen Vol. ext. (2011): 41-56 42 Marie-Louise Mallet « La musique... l'expérience même de l'appropriation impossible » La musique, s'il y en a, la musique, d'abord, je l'écoute. C'est l'expérience même de l'appropriation impossible. La plus joyeuse et la plus tragique 6 .
doi:10.5209/rev_esim.2011.37673
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