L'afro dans le registre identitaire diasporique
Christine Eyene
2008
Africultures
L'afro dans le registre identitaire diasporique par Christine Eyene En 2005, DaviD a. BailEy, c o m m i s s a i r E D'Expositions Et historiEn D'art BritanniquE, présEntE « Back to Black. art, cinEma anD thE racial imaginary » à la WhitEchapEl gallEry DE lonDrEs. pEnDant DE « rhapsoDiEs in Black. art of t h E harlEm rEnaissancE » (hayWarD gallEry, lonDrEs, 1997), cEttE Exposition rEtracE la rupturE EsthétiquE crééE par l'introDuction DE l'i m a g E Du corps noir Dans lEs arts DE la Diaspora.
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... sEmBlant un groupE D'oe u v r E s DatéEs DEs annéEs 1960 Et 1970, « Back to Black », proposE l'hypothèsE quE l'apparEncE physiquE a joué un rôlE DétErminant Dans la construction DE coDEs visuEls DiasporiquEs. « I myself, after existing some twenty years, did not become alive until I discovered my invisibility. » Ralph Ellison, Invisible Man. « Dans le train, il ne s'agissait plus d'une connaissance de mon corps en troisième personne mais en triple personne. Dans le train, au lieu d'une, on me laissait deux, trois places.[...] J'existais en triple : j'occupais de la place. » Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs. La présence noire en Occident est un phénomène ambivalent perçu tant par l'absence que la « sur-présence ». Dans Invisible Man (1952), roman reflétant l'expérience des citoyens noirs d'Amérique, Ralph Ellison l'articule en terme d'invisibilité. Cette condition est introduite dans le prologue par le narrateur, principal protagoniste, qui se compare au genre « de visages sans corps que l'on voit en marge des cirques ». 1 Plus loin, au cours du récit, il est décrit dans son état « pré-insivible » comme « une chose noire amorphe ». 2 À l'inverse, dans Peau noire, masques blancs (1952), Frantz Fanon met en avant la multiplication du corps noir sous le regard du Blanc, au point de rendre l'homme noir « responsable de [s]on corps, responsable de [s]a race, de [s]es ancêtres ». Fanon investit le « nègre » de cette « malédiction corporelle » incarnant à la fois « l'anthropophagie, l'arriération mentale, le fétichisme, les tares raciales, les négriers, et surtout, et surtout : « Y a bon banania. » 3 En d'autres termes, ce qui est décrit chez Ellison, c'est l'effacement du corps (social) noir comme métaphore de la marginalisation. Alors que Fanon objéifie, « sur-détermine », ce corps afin d'en décoder l'expérience raciale. Cette dialectique est une des composantes majeures de la formation des courants artistiques diasporiques, notamment dans leur configuration transatlantique. C'est en réponse à la persistance de la discrimination, ayant pour effet leur marginalisation dans la société américaine, qu'un grand nombre de plasticiens noirs optent, à partir des années 1960, pour une iconographie axée sur une affirmation de leur identité. Dans son essai « Racial Imaginaries », l'historien de l'art Richard J. Powell, précise que pour ces artistes, l'enjeu était de résister à « l'anonymat racial HOmmE pOlItIquE, éCRIvaIn Et tHéORICIEn afRICaIn améRICaIn, HuEy p. nEwtOn ESt un DES CO-fOnDatEuRS Du BlaCk pantHER paRty fOR SElf DEfEnSE © DR « SORtIR DE l'HIStOIRE », InStallatIOn DE mOunIR fatmI, Dak'aRt 2006 © JESSICa OuBlIé « SORtIR DE l'HIStOIRE », InStallatIOn DE mOunIR fatmI, Dak'aRt 2006 © JESSICa OuBlIé GavIn JantJES, tamu'S maGIC SquaRE (anGEla DavIS), 1974. GRavuRE, 60x45 Cm. © GavIn JantJES
doi:10.3917/afcul.072.0118
fatcat:rn4lex36zne45bnszedagrsstq