Territorialité et extraterritorialité de la traduction du droit
Sylvie Monjean-Decaudin
2010
Meta : Journal des traducteurs
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI
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... it.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ RÉSUMÉ Langues, droits et territoires constituent un tout indissociable que la traduction du droit ne peut éluder. Les langues et les droits présentent à la fois une unicité et une diversité, une égalité et une hiérarchie selon l'angle de vision. La traduction non territorialisée correspond à une traduction verticale dans un contexte institutionnel de droit international ou régional négocié. L'équivalence traductionnelle se veut dès lors uniformisante afin de faciliter une interprétation uniforme d'un droit unique énoncé dans une multitude de versions linguistiques. L'Union européenne constitue, en ce sens, un paradigme. La traduction territorialisée correspond à une traduction horizontale réalisée dans les divers contextes de droit. Destinée, entre autres, à la connaissance d'un droit autre ou à la reconnaissance du droit de l'autre, voire à l'administration de justice, cette traduction présente des caractéristiques culturelles marquées. L'équivalence traductionnelle se veut dès lors localisée car empreinte d'une culture d'origine. Face au risque d'enfermement, le traducteur doit se prémunir contre tout juricentrisme. Cependant, peut-il éviter qu'un hégémonisme linguistique, juridique et territorial ne mène à une équivalence traductionnelle ? ABSTRACT Languages, law and territories form one inseparable whole, which has to be taken as such by legal translation. Languages and law present at once unity and plurality, equality and hierarchy, according to the angle of vision. A case in point is "translation unbound by territory," i.e., vertical translation in the institutional context of negotiated international or regional law. Translation equivalence is then established in order to achieve uniform interpretation of one unique law expressed in various linguistic versions. The European Union is paradigmatic of such a case. At the opposite, "territory-bound translation" entails horizontal translation realized in various legal contexts. It may serve various purposes, among which knowledge of the other law or recognition of the right of others, or even the administration of justice, and exhibits marked cultural characteristics. Translation equivalence is then subject to the local factor since it has to take the original culture into account. Faced with the risk of communication failure, the translator must be wary of acting as if his/her legal system were universal. However, can he/she prevent the search for translation equivalence to be guided by linguistic, legal and territorial imperialism?
doi:10.7202/045686ar
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