Actualité dans le diagnostic et le traitement: trois exemples Dépistage du cancer du poumon

Erich Russi
2012 Forum Med Suisse   unpublished
A l'échelle mondiale, le cancer du poumon représente la première cause de décès par cancer. Malgré des avancées certaines dans le traitement chirurgical et non chirurgical de ce cancer, seuls 15 à 20% des patients vivent plus de 5 ans après la pose du diagnostic. Des études contrôlées, qui ont été publiées il y a environ 25 ans, n'ont pas démontré que la mortalité liée à ce cancer pouvait être réduite grâce à la réalisation d'un dépistage par radiographie thoracique seule ou en association avec
more » ... des examens cytologiques des expectorations. Sans surprise, la tomodensitométrie (TDM) possède une sensibilité nettement supérieure à celle de la radiographie thoracique pour détecter des altérations pulmonaires. Il n'est dès lors pas étonnant que chez les fumeurs, la TDM permette de détecter à un stade précoce les carcinomes de petite taille et donc potentiellement curables. Une étude multicentrique américaine organisée et coordonnée par le National Cancer Institute a pour la première fois montré que chez les fumeurs asymptomatiques, des cancers étaient non seulement détectés plus fréquemment par TDM, mais également que la mortalité liée au cancer du poumon et la mortalité globale diminuaient dans le groupe dépisté par TDM et traité en conséquence [1] . Environ 53 000 grands fumeurs (au moins 30 paquets-années, arrêt du tabagisme il y a moins de 15 ans) âgés de 55 à 74 ans ont été randomisés et ils ont été examinés par TDM à faible dose ou par radiographie thoracique au début de l'étude (2002)(2003)(2004), ainsi qu'après 1 an et après 2 ans. Le taux de résultats de dépistage positifs était de 24,2% dans le groupe examiné par TDM à faible dose et de 6,9% dans le groupe examiné par radiographie thoracique. La proportion de résultats faussement positifs était élevée dans les deux groupes, s'élevant à 96,4% dans le groupe TDM et à 94,5% dans le groupe radiographie thoracique. A la fin de l'année 2009, 247 décès par cancer du poumon (pour 100 000 personnes-années) avaient été recensés dans le groupe TDM contre 309 décès dans le groupe radiographie thoracique, ce qui correspond à une diminution relative à la fois statistiquement significative et cliniquement pertinente de la mortalité par cancer du poumon de l'ordre de 20,0%. Par ailleurs, la mortalité globale avait diminué de 6,7%. Toutefois, avant que le dépistage par TDM puisse être recommandé d'une façon générale dans une population à risque, les questions suivantes doivent être élucidées en réalisant une analyse supplémentaire des données de l'étude actuellement disponible et en se basant sur les résultats non encore disponibles des études de dépistage actuellement en cours: stress psychique occasionné par des résultats faussement positifs et par la mise au point de ces résultats, optimisation des étapes diagnostiques en cas de résultats positifs, efficience en termes de coûts d'un programme de dépistage, durée raisonnable d'un dépistage, etc. Le taux de résultats faussement positifs pourra certainement être réduit en affinant davantage la définition d'une population à risque au moyen d'algorithmes appropriés, par ex. réalisation d'une spirométrie [2] . Chez les fumeurs présentant une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), le risque de développer un cancer du poumon est nettement plus élevé que chez les fumeurs n'ayant pas de troubles ventilatoires obstructifs [3]. Réduction de volume pulmonaire par bronchoscopie en cas d'emphysème pulmonaire Il est bien connu que chez des patients avec BPCO sélectionnés, qui souffrent d'une détresse respiratoire à l'effort en raison d'une hyperinflation pulmonaire marquée liée à un emphysème pulmonaire, la tolérance à l'effort peut être améliorée pour quelques années en réalisant une chirurgie de réduction de volume pulmonaire (Lung Volume Reduction Surgery, LVRS). Restait encore à évaluer si des procédés moins invasifs, notamment bronchoscopiques (réduction de volume pulmonaire par bronchoscopie), permettaient d'obtenir une amélioration aussi favorable de la mécanique pulmonaire. Parmi les méthodes de réduction de volume pulmonaire par bronchoscopie, il convient de distinguer deux procédés. Le premier procédé vise à obtenir une déflation ou un affaissement des régions pulmonaires emphysémateuses en implantant des valves unidirectionnelles, en posant des spires (ressorts) métalliques, en chauffant le tissu avec de la vapeur d'eau chaude ou en instillant un biogel. Le deuxième procédé consiste à faciliter la ventilation collatérale des régions pulmonaires emphysémateuses et donc à réduire leur volume en réalisant des courts-circuits (airway bypass). Plusieurs études, généralement non contrôlées et initialement publiées sous forme d'abstracts, suggèrent que les différents procédés de réduction de volume pulmonaire par bronchoscopie permettent d'obtenir des améliora-Erich W. Russi L'auteur n'a pas déclaré des obligations financières ou personnelles en rapport avec l'article soumis.
fatcat:w2egyn5szvdqzll3oeg7jwkium