Représentations des « mélanges » linguistiques en Martinique : des créolismes au français régional

Jean-David Bellonie, Elissa Pustka
2019 Études créoles  
En partant de la signification populaire attribuée au terme de mélange, cet article s'intéresse à la délimitation du français et du créole dans les représentations linguistiques de jeunes étudiants martiniquais ayant des pratiques langagières bilingues. Nous souhaitions notamment avoir des indices sur l'évolution du français régional qui renvoie à une nouvelle réalité aux Antilles depuis au moins deux générations avec des locuteurs ayant le français comme langue première (L1) (que ce soit comme
more » ... unique L1 ou comme deuxième L1 avec le créole). En nous appuyant sur le cadre méthodologique de la linguistique perceptive, nous avons invité nos informateurs à nous proposer, par écrit, des exemples caractéristiques de productions « mélangées » français-créole qu'on retrouve dans les pratiques quotidiennes en Martinique. Notre étude se veut qualitative et propose un modèle de classification possible à partir de l'analyse des exemples récoltés dans les questionnaires. Nous avons ainsi distingué cinq phénomènes dans les réponses des étudiants appartenant à différents niveaux linguistiques : des interférences au niveau de la syntaxe, des hypercorrections au niveau de la phonologie, des alternances codiquesclairement marquées par la graphieau niveau de la syntaxe, des emprunts lexicaux et enfin des hybridations, qui peuvent être de type phonologique, morphologique et sémantique. Dans leurs représentations, les étudiants distinguent ainsi clairement deux systèmes, le français et le créole, et identifient des « mélanges » entre les deux. Il faut cependant souligner qu'il ne s'agit là ni du français standard fantasmé ni du créole basilectal, mais du créole contemporain et du français régional antillais L1.
doi:10.4000/etudescreoles.400 fatcat:hgbxv7grlrcapmwymkrjz2jecm