Résistance au cisaillement des aciers de construction

Ch. Fremont
1906 Revue de métallurgie (Imprimé)  
La rupture par poinçonnage et cisaillement était, au siècle dernier, considérée comme un phénomène de glissement. Aussi Vicat dit : (1) « Si l'on perce deux trous cylindriques sur les faces opposées d'un solide quelconque de matière bien homogène et cela de telle sorte que le premier trou soi( placé bien exactement sur le prolongement du second, et qu'on laisse en même temps un intervalle plein entre les deux trous, nous disons que la puissance qui parviendra à repousser, par l'une ou l'autre
more » ... verture le solide cylindrique qui les sépare, mesurera la force transverse de la matière sur l'étendue développée du cylindre ainsi détachée. D'après notre définition, la cohésion aura été vaincue par une puissance tangentielle, c'est-à-dire sans action oblique ou normale sur la face de rupture. » C'est là une hypothèse de mathématicien, que l'expérience contredit, comme le constate Vicat lui-même, car il ajoute : « Les résistances transverses sont évidemment proportionnelles à l'étendue des surfaces désunies ; on remarque sur ces faces, d'ailleurs bien terminées, une pulvérulence qui, s'étendant jusqu'à une certaine profondeur, atteste combien a dû être violent le mode de désorganisation éprouvée par la matière. » Il y a donc, latéralement au plan de rupture, une désagrégation plus ou moins importante de la matière. Dans une note à l'Académie des Sciences (2), j'ai montré que le phénomène de la rupture par poinçonnage et par cisaillement est un travail de traction et non pas de glissement; chaque couche comprimée par le poinçon ou la lame de cisaille ne se sépare pas immédiatement de la couche dont elle provient, il reste un ligament analogue à la partie tendue dans une éprouvette de traction qui va s'allongeant sous l'effort de l'outil. L'influence de cette traction n'est pas limitée au plan de rupture ; j'ai montré, dans un mémoire sur le rivetage remis l'an dernier à la Société d'Encouragement et actuellement sous presse, que la désagrégation latérale s'étend sur une zone d'une profondeur à peu près égale à l'épaisseur de la pièce cisaillée ou poinçonnée. (1) Vicat, Recherches expérimentales sur les phénomènes physiques qui précèdent et accompagnent la rupture ou l'affaissement d'une certaine classe de solides. Annales des Ponts et Chaussées, 1833, 2 e semestre, page 226. (2) Théorie expérimentale du cisaillement et du poinçonnage des métaux, 10 décembre 1894.
doi:10.1051/metal/190603050289 fatcat:iz7ta5wy2jb4tpt3cfnrc57qaa