Musique et excision chez les Djimini (Côte-D'Ivoire)
Mamadou Coulibaly
1992
Cahiers de musiques traditionnelles
Mamadou Coulibaly L'analyse entreprise ici se rapporte au répertoire musical servant de support aux rites d'excision en vigueur chez les Djimini, une fraction du pays sénoufo qui s'étend au nord de la Côte-dIvoire, au sud du Mali et à l'ouest du Burkina Faso. L'aire géographique des Djimini 1 , située à l'extrême sud-est du monde sénoufo, couvre une superficie de 8 320 kilomètres carrés limitée au sud par une frontière commune avec les Akan, l'un des grands groupes ethniques ivoiriens. Du point
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... de vue démographique, les Djimini sont estimés à 59 000 habitants répartis en cent huit villages, qui se subdivisent en dix-huit groupes dialectaux, ayant en commun l'usage d'une variante de l'idiome sénoufo qu'ils nomment bambara 2 . Outre cette langue, le diula 3 , (une variante du bambara parlée au Mali), l'agni-baoulé (la langue des Akan) et le français occupent une place importante dans leur vie quotidienne. De toutes ces langues, seuls le sénoufo et le diula se reflètent dans les habitudes coutumières du pays. D'ailleurs les Djimini d'aujourd'hui se distinguent euxmêmes moins comme des Sénoufo que comme la somme de deux composantes socio-linguistiques 4 : 1) les Djimini-bambara qui parlent le sénoufo et partielle-1 Les chiffres relatifs à la géographie et à l'organisation démographique du pays djimini m'ont été fournis à Dabakala, capitale administrative dudit pays, en 1986, par les autorités sous-préfectorales. 2 En pays djimini, sont considérés comme Bambara parlant un dialecte bambara, les individus d'ascendance sénoufo qui en réalité parlent une variante de l'idiome sénoufo. Aussi le vocable bambara s'applique-t-il aux non-musulmans (animistes et chrétiens). En ce cas, il est uniquement utilisé par les musulmans. 3 Le terme «diula» recouvre trois significations chez les Djimini: 1) il sert à qualifier une langue, une variante du bambara parlé au Mali; 2) il s'applique aux minorités malinké récemment implantées dans le pays; 3) il est enfin utilisé pour désigner les musulmans. Du reste le terme diula s'oppose au mot bambara dans son acception djimini. 4 La population djimini-bambara se compose exclusivement d'individus d'ascendance sénoufo. Ces membres sont hétérogènes du point de vue linguistique et religieux. En effet, parmi eux, certains pratiquent l'islam ou le christianisme. Le diula, que 95 % d'entre eux parlent, semble être un emprunt de longue date. Quant aux Djimini-diula, ils se composent de Malinké, ayant émigré en pays djimini à une période relativement récente, et d'une minorité d'hommes et de femmes d'ascendance sénoufo qui, à la suite de leur islamisation, ne parlent que le diula et vivent essentiellement selon les normes coraniques.
doi:10.2307/40240124
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