Danièle Alexandre-Bidon Les journaux illustrés constituent une source inédite pour étudier les structures du quotidien aussi bien que les mentalités. En France, la presse illustrée s'est très tôt divisée en deux groupes, les journaux pour les adultes, en général des hommes, et la presse pour la jeunesse, qui a connu une apogée dans les années 1860. Dans les années 1880, les journaux illustrés satiriques ou humoristiques pour adultes ont opté pour de nouvelles formes de représentations. Ils sont

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... passés de l'image unique à la Daumier aux gags séquentiels, qui se déroulent en plusieurs images. Le caractère familial du 9 e Art à ses débuts Ce procédé va influencer la presse jeunesse : autour de 1900, naît une nouvelle génération d'illustrés à prix modique, « pour la famille » et pour l'enfance, visant d'abord les garçons puis, très vite, les filles. Ils développent le principe des histoires en images « à suivre et à suspense » allant d'une à plusieurs pages : ce sont les premières BD. Même s'ils sont beaucoup plus riches en images que dans les périodes précédentes, les journaux pour la jeunesse persistent dans leur volonté éducative. Ce souci se lit par exemple en 1899 dans une annonce de parution de Mon Journal : « Où trouver, joint à l'attrait des images, un texte aussi amusant, aussi instructif au fond, et mieux approprié au jeune âge [...] » 1 . La Semaine de Suzette, qui s'adressait aux fillettes de la bonne société, explique que l'ambiance familiale est plus sereine, docile et disciplinée si on lit ses histoires aux enfants 2 . Les filles sont des cibles de choix. En exposant les fondamentaux de l'économie domestique, les règles du maintien et des modèles de modes de vie, leurs journaux relèvent de l'advice literature. Bien que sans reconnaissance officielle, ces illustrés Un miroir des arts ménagers : le 9e art e-Phaïstos, X-1 | 2022