Dire ou subir. L'engagement homosexuel
François Bitouzet
2001
Terrains & travaux. Cahiers du Département de sciences sociales de l'ENS de Cachan
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... e sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. LGVoilà, j'étais dessillé. FB-Et c'était à quelle date ça, ton retour du Canada ? LG-Alors le Canada c'était 96-97. L'idée avait eu lieu avant, mais on l'a concrétisée après, donc à la rentrée de 1997 je pense. FB-Et à Toronto tu avais fait partie d'une association ? LG-Pas exactement, mais là j'étais en poste en tant que lecteur, assistant plutôt, mais cela dit, j'ai un tout petit peu fréquenté les associations, enfin l'association gay et lesbienne de la fac de Toronto, qui était assez sympa, qui avait apparemment pignon sur rue, qui avait son bureau à côté de ceux des professeurs, etc. C'était très ouvert. FB-Très grande visibilité, donc. Et tu as voulu prendre ces associations un peu comme modèle ou vous avez eu une idée à vous directement ? LG-euh... Pas vraiment comme modèle. Mais c'est-à-dire que pour nous de toute façon, enfin... je pense que l'on a fait un peu la même chose, sans avoir à s'inspirer de ce qui s'est fait. Les objectifs sont les mêmes, c'est-àdire que plus ou moins, toutes ces associations homos, sans se concerter, ont à la fois le but social d'accueillir et de faire des fêtes et des trucs comme ça, et puis tant qu'à faire, de faire des réunions, des débats, des conférences, des choses comme ça. Donc, je pense que ce sont des actions parallèles, mais pas... enfin, qui se ressemblent, mais non pas parce qu'elles s'inspirent les unes des autres, mais plutôt parce qu'elles ont les mêmes raisons d'être. FB-Et ça ne te serait pas venu à l'esprit de plutôt faire un groupe en dehors de la Grande Ecole, en fait ? Comment est-ce que tu articules homosexualité et Grande Ecole ? LG-En fait, c'était plus pratique pour moi de faire un groupe à la Grande Ecole parce que j'y étais. Donc ça m'intéressait plus de faire un truc là où j'étais. Sinon, ailleurs, oui, ça aurait été possible, mais il se trouvait simplement que la plupart de mes amis se trouvaient au même endroit que moi, donc c'était plus simple. Par ailleurs, ça aurait été sans doute plus difficile de faire quelque chose ailleurs, d'abord parce qu'il faut des locaux... par ailleurs, je suppose, ... enfin je suppose... si, je sais bien qu'il y a déjà d'autres groupes qui font déjà des choses comparables ailleurs, par exemple le MAG 3 , le Mouvement des Adolescents Gays, que j'avais fréquenté d'ailleurs. En gros, c'est des jeunes de 16 à 25 ans. C'est assez sympathique, c'est un peu le même fonctionnement, sauf qu'ils ne se réunissent pas dans une université, mais ils se réunissent au Piano Zinc, Donc dans un bar. A cette époque là quand nous avons décidé de fonder le groupe Homo Normalité, il se trouve qu'il n'y avait pas, à notre connaissance de groupe gay et lesbien dans les universités. Donc en fait, ça nous semblait tout nouveau. En même temps, il y a eu pleins de groupes qui se sont constitués plus ou moins parallèlement ou après, je ne sais pas. Ce qui fait que maintenant, il y en a dans toutes les facs. FB-Oui, je sais qu'il y en a à Nanterre, à Jussieu... LG-A HEC, à Polytechnique, à la Sorbonne, etc. Pour moi c'était plus nouveau, maintenant ça ne l'est plus. Mais c'est bien ! FB-Et quelles idées vous vouliez faire passer à travers Homo Normalité ? LG-Bon, d'abord la visibilité, c'est la raison, l'argument qui revient à chaque fois... Euh, moi, il se trouve qu'il y avait la question du CUS qui commençait à être à l'ordre du jour... FB-Oui, en 97. LG-Oui. Ça fait qu'on a invité 2 ou 3 personnes sur ce sujet là. Dont J.-P. Pouliquen, qui est le président du collectif et qui est venu parler du CUS et parler pour le CUS. G. est aussi venu et a beaucoup parlé. Donc pour moi, il y avait un objectif politique ou plutôt civique, je préfère civique, c'est plus large, qui était assez net. FB-Et au niveau de la visibilité, toi tu as fait ton coming-out ? LG-Oui, et bien en fait... euh, oui, je suppose que oui !(rires) Non, je ne l'ai pas fait de manière tonitruante, c'est-à-dire que mes amis l'ont su progressivement. A partir du moment où on a constitué le groupe, on n'a pas hésité à mettre nos noms dans Le Journal 4 ou sur les affiches dans l'Ecole. Donc ça a été fait de manière officielle. Je suppose que ça devait être relativement connu. FB-D'accord. Et ça a été dur de mettre le nom sur la feuille ? LG-Pour moi non, parce que, en fait, il se trouve que j'en avais parlé avec mes parents 3 ans auparavant et donc pour moi le plus dur était fait. Qui peut le plus peut le moins donc... non, ça allait.
doi:10.3917/tt.002.0092
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