Toujours le mélèze
P. FOURCHY
1957
Revue Forestière Française
On a dit parfois qu'au xix e siècle avait sévi en Europe Centrale une « Lärchenmanie », une passion du Mélèze, qui en avait multiplié les peuplements d'une manière étonnante. Il semble que, depuis quelques années, cette « Lärchenpassion » se soit transportée dans la littérature forestière, car le nombre d'études ou d'articles parus en Europe Occidentale sur cette essence, à tout prendre assez secondaire, est impressionnant. Alors que le Sapin, le Hêtre ou le Chêne, essences forestières
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... semblent n'occuper qu'une place relativement restreinte dans les préoccupations des forestiers et des chercheurs, le Mélèze suscite un intérêt qui paraît soutenu et assez général. Aussi ne nous en voudra-t-on pas de céder à notre tour à cet entraînement, en mettant par écrit quelques réflexions provoquées par une fréquentation déjà ancienne des mélézeins des Alpes et par la lecture de la littérature se rapportant à cette essence. Que ceux qui n'ont pas été touchés jusqu'ici par la « Lärchenmanie » nous en excusent. Un forestier alpin, récemment disparu, J. J. MARTIN, avait posé la question, il y a quelque 20 ans : « Le mélèze est-il une essence forestière? ». Il est encore permis à l'heure actuelle de s'interroger à ce sujet, à condition de mettre le mot « forestière » entre guillemets. De toutes les études récentes, parues tant en France qu'à l'étranger, il résulte que cette essence, bien qu'assez fréquente en montagne, ne fait pas partie d'un « climax ». On la rencontre souvent, elle n'est « à sa place » nulle part. Autrement dit, sa continuité dans le temps, sa permanence, n'est nulle part garantie. Espèce de lumière dont les exigences sont assez strictes, dont la régénération est difficile, elle se montre envahissante dans des cas limités et définis, lorsque la concurrence des autres végétaux, ligneux ou herbacés, est restreinte : sols vierges d'origine récente (moraines, alluvions, éboulis, zones d'avalanches, etc.), pâturages ou terres agricoles abandonnés. Une fois installé, le mélézein aura de la peine à se perpétuer: la concurrence des autres essences plus tolérantes : Fpicéa, Sapin, Pin Cembro, ou seulement celle des végétaux buissonnants, ou de la lande, qui s'installent SOILS son couvert trop léger dès que le pâturage régresse, s'opposent à sa régénération et à son maintien. Là où il paraît le plus solidement installé, il n'est en réalité qu'un échelon
doi:10.4267/2042/27365
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