Onna frequentachon

C.
1933
Pré-du-Marché, Lausanne FETE DU BOIS OUP de sifflet, main levée, l'agent de police arrête la circulatiom. Les gens massés sur les trottoirs se précipitent au centre de ¦la place et forment la haie. Au tournant de la rue apparaissent deux rangs d'agents, en tenue de parade, alignés et raides comme des soldats de plomb. Ils avancent à petits pas secs, à la manière des automates sur le point de s'arrêter... on aimerait donner un ou deux tours au remontoir, pour les faire aller plus vite Enfin,
more » ... ière les musiciens en sueur, après les officiels cocardés... les enfants pimpants et barriolés, tellement jeunes et jolis, qu'on les prendrait tous pour des filles Et la maman, rouge de fierté, gesticule pour attirer l'attention de sa « petite ». -Paulette Paulette Mais lenfant, tout à son affaire, ne voit rien, n'entend rien. Dame ce n est pas si facile que ça, de marcher en cortège, devant tout ce monde qui vous regarde, et puis, il y a les musiques et la jolie robe qu'il ne faut pas plisser et les boucles et le gros papillon qu'on aimerait resserrer un peu, l'ombrelle, l'éventail... et la maman dépitée, se tournant vers son mari : -Tu vois quand même, elle regarde exprès de l'autre côté, pour me faire enrager Juché sur un tabouret, le photographe déroule son film... Que d'enfants bien lavés, bien peignés On pense à la somme de travail, de soucis, de joie qu'ils représentent. Passent les accordéons fleuris, les fifres stridents, les clairons à cordons rouges. Maintenant, c'est la fin. Comme un vapeur, le cortège creuse un large sillon et entraîne derrière lui, un remous de parents, de badauds... et presque malgré soi, on est aspiré à sa suite.
doi:10.5169/seals-225342 fatcat:zffuhi5lnfar7bsu5pqw4mmtgu