Résistance de la poésie : les revues littéraires durant la Seconde Guerre mondiale

Florian Jehl
2016 Cahiers ERTA  
L 'histoire littéraire du XX e siècle a tendu longtemps, à la suite de Qu'est-ce que la littérature ? de Sartre, à exclure la poésie moderne du champ de la littérature engagée ou à n'en reconnaître que les manifestations les plus explicites. Entre une poésie entièrement dégagée, livrée à sa tâche essentielle, qui serait le jeu absolu des signifiants, et un lyrisme ouvertement politique, entre Strophes pour se souvenir d'Aragon et le « sacrifice de mots » 1 par lequel Georges Bataille définit la
more » ... poésie dans L'Expérience intérieure, nul intervalle pour une poésie réconciliant l'engagement et l'autonomie qui marque la modernité littéraire. Cette vision de la poésie moderne informe encore le propos de Hugo Friedrich dans Structures de la poésie moderne, « récit orthodoxe » dont Antoine Compagnon a pu montrer qu'il résumait indûment l'histoire de la poésie moderne à celle de sa « réduction à l'essentiel » 2 . Le genre, réalisant ses possibles les plus propres, tendrait à donner congé à la réalité extérieure et aux ressources de la communication ordinaire. L'exemple de la plupart des revues de la Résistance littéraire nous incite toutefois à revenir sur cette idée. Par-delà la diversité des situations (revues publiées en zone occupée, en zone libre ou FLORIAN JEHL Université Paris-Sorbonne Résistance de la poésie : les revues littéraires durant la Seconde Guerre mondiale 1 G.
doi:10.4467/23538953ce.16.017.6715 fatcat:6zi4emev5bfgrms7jurhknto44