LE NOUVEAU-BRUNSWICK: POUR QUE CETTE CRISE SERVE À QUELQUE CHOSE

Donald Savoie
2010 unpublished
Une crise en puissance guette le Nouveau-Brunswick. Bien qu'elle soit de nature économique, elle pourrait rendre le Nouveau-Brunswick de plus en plus difficile à gouverner, à moins qu'on ne s'y attaque avec un sentiment d'urgence. Le Nouveau-Brunswick doit relever toute une série de défis économiques : un déficit structurel, une population vieillissante, l'incertitude entourant les transferts fédéraux, une croissance anémique de l'économie, une économie mondiale extrêmement concurrentielle et
more » ... e incapacité à attirer de nouveaux Canadiens. Cet article soutient que le Nouveau-Brunswick ne doit pas rater l'occasion qu'offre cette crise et qu'il doit envisager de faire des choses « qu'il ne pensait pas pouvoir faire auparavant ». Cet article affirme que la communauté universitaire de la province doit exercer un certain leadership afin de s'assurer que cette crise serve à quelque chose. De nos jours, les étudiants en politiques publiques du Nouveau-Brunswick ont beaucoup de mal à voir l'avenir de la province avec optimisme. Le mieux que l'on puisse dire, c'est qu'on doit chercher à tirer profit d'une situation de crise au lieu d'essayer de l'éviter. Les situations de crise offrent la possibilité d'élaborer de nouveaux programmes d'action, de restructurer des politiques et des programmes de longue date et d'inciter les citoyens à s'intéresser davantage à l'avenir de leurs communautés. Compte tenu de la situation actuelle des finances publiques de la province, le Nouveau-Brunswick offre aux décideurs et aux citoyens l'occasion de tirer profit d'une crise, et nous devrions saisir cette occasion. En effet, il n'est pas exagéré d'affirmer que le Nouveau-Brunswick ne peut maintenir le financement de son secteur public à ses niveaux actuels et que, si l'on s'accroche au statu quo, cette situation difficile ne peut que dégénérer en une véritable crise financière. Bref, le statu quo comporte des dangers à la fois sur le plan politique et économique. Le présent article vise à prendre le pouls de l'économie politique du Nouveau-Brunswick. J'examine l'histoire de la province et les événements qui y sont survenus récemment afin de démontrer que le Nouveau-Brunswick doit donner un solide coup de barre s'il veut changer de cap. Les circonstances actuelles exigent que nous prenions une nouvelle direction afin d'éviter la stagnation économique, des tensions sérieuses entre nos communautés et la perte de certains de nos pouvoirs économiques et politiques au profit de forces extérieures. L'histoire, un facteur indéniable Stephen Harper s'est attiré bien des foudres dans notre région lorsqu'il a affirmé que le Canada atlantique devait surmonter sa « culture de défaitisme ». Ce que de nombreux résidents des provinces Maritimes n'ont pas compris, c'est que M. Harper n'attribuait pas la cause fondamentale du problème aux habitants eux-mêmes, mais plutôt au fonctionnement des institutions politiques nationales canadiennes. M. Harper relevait un bon point. L'histoire est certes un facteur déterminant. Les institutions politiques nationales canadiennes n'ont pas bien servi les provinces Maritimes. Les résidents de l'Ontario et du Québec n'aiment pas entendre ce message : ils préfèrent penser que le succès économique relatif qu'ils ont obtenu par le passé était attribuable à leur esprit d'entreprise plus poussé, du moins comparativement à notre région. Si j'affirme cela, ce n'est pas pour dépeindre notre région comme l'enfant pleurnicheur de la Confédération canadienne, mais plutôt pour faire valoir que les institutions politiques canadiennes expliquent, en partie, le sous-développement relatif de notre région. À cet égard, il me suffit de citer Margaret Conrad, qui écrit : « À l'exception des années 1930, la région a connu une migration de sortie endémique depuis la Confédération. Si une pareille situation s'était produite n'importe où ailleurs au Canada, on aurait adopté des mesures d'urgence pour endiguer l'exode du capital humain. S'il y a quelque chose qui me met en colère, c'est le point de vue implicite dans bon
fatcat:5gtzgkkpdva3jdlroepcm5zct4