Étudier les usages des plateformes pédagogiques numériques : quelles passerelles entre STIC et SHS ?

Angeliki Koukoutsaki-Monnier, Sandra Meza, Béatrice Amerein‑Soltner, Rodrigue Galani, Pierre-Alain Muller
2013 Communication et organisation  
les usages des plateformes pédagogiques numériques : quelles passerelles entre STIC et SHS ? », Communication et organisation [En ligne], 43 | 2013, mis en ligne le 01 juin 2015, consulté le 20 avril 2019. 6 L'usage chez Serge Proulx (2001, p. 139-145, p. 57) est vu sous trois angles : la « traduction » qui représente l'évaluation conceptuelle du terme, l'approche cognitive qui concerne la capacité des usagers, et l'approche sociopolitique portant sur le développement de l'usage dans la
more » ... 7 http://services-numeriques.unistra.fr/culture-numerique/observatoire-des-usages-du-numerique.html C&O n°43 de la communication (STIC) ainsi qu'en Sciences de l'éducation (Dessus et Marquet, 2009 ; Marquet et Coulibaly, 2007 ; Depover, Giardina et Marton, 1998 ; Caterino, Chibout et Meza, 2011). Dans cet article, nous proposons de revisiter quelques-unes de ces dernières en les mettant en parallèle avec une modélisation des usages provenant des Sciences de l'information et de la communication (SIC). Cadre théorique et hypothèses de travail La notion de dispositif s'encadre entre deux économies, l'une du pouvoir, inscrit dans le libéralisme où le pouvoir est sensé s'exercer sur un mode implicite et le moins coûteux possible et l'autre du savoir (Foucault, 1977 (Foucault, /1994 , dans le contexte de la société de la connaissance, construction cognitive fonctionnelle, pratique et incarnée (Linard, 1998) . Le dispositif technique n'est qu'un outil limité d'apprentissage parmi d'autres, à corriger et à compléter constamment par l'accompagnement humain et social qui fonde et organise toute construction individuelle de la connaissance (Linard, 2002) . Comprendre les usages des dispositifs techniques signifie les envisager en tant qu'« espaces à investir » (Hert, 1999, p. 104) et, en ce sens, questionner l'apparition -ou pas -de pratiques homogènes face à ces outils. La modélisation des comportements fournirait la possibilité de dégager des schémas génériques (patterns) qui traduiraient les lieux communs qui traversent ces pratiques 8 . Hormis la visée positiviste qui peut sous-tendre une telle démarche, notamment pour les concepteurs des outils numériques, interroger les usages relève aussi d'une volonté et d'un besoin sur le plan scientifique de comprendre un habitus (Bourdieu, 1980) aujourd'hui banalisé au sein des sociétés dites « développées », et qui, à l'instar de ce que signalait Michel de Certeau (1980/1990) pour les pratiques du quotidien, reste souvent muet mais tout aussi opérant. Cela permettrait d'appréhender ce dernier sur deux niveaux : en termes de son évolution diachronique, ainsi qu'au regard de la manière dont il reflète ou forge des identités collectives propres à des communautés d'usagers (acheteurs, étudiants, etc.). Explorer la question de l'étude des usages dans une démarche qui lie les STIC aux SHS présente un double intérêt. Ce dernier émane d'abord de l'ontologie de l'objet de recherche lui-même. Les dispositifs techniques étant des construits sociaux, ils sont symptomatiques de tendances sociétales à un moment donné. Les comprendre en tant qu'objets de médiation triadique (Bruner, 1990 ; 2000 ; Rabardel, 1995) revient à croiser leurs dimensions techniques, sémiotiques et sociales/pragmatiques (Peraya et al., 2002). Cependant, l'intérêt de cette approche relève aussi d'un besoin épistémologique. Il s'agit de décloisonner le savoir via des postures inter-disciplinaires (Charaudeau, 2010), continuistes Mots-clés : Usages, plateformes pédagogiques numériques, modélisations, dispositifs, passerelles entre STIC et SHS. Abstract : In this paper, we first reconsider two models that analyse the usages of educational digital platforms, as developed by researchers in Sciences of Information and Communication Technologies and Sciences of Education. The latter are then used as a background to a schema conceived in Information and Communication Sciences. Far from being incompatible, these approaches seem to question the power of technical devices as organising frames constructing behaviours and meanings. The existence of specific habitus imputed to particular usages reveals to be central in these studies.
doi:10.4000/communicationorganisation.4190 fatcat:glhwjbdftbfphmk7k5gxzslp64