Médecine, sexualité et procréation

Sophie Djetcha
2009 Autrepart  
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more » ... est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Les discours et les pratiques de la médecine tiennent un rôle essentiel dans la construction des sexualités en général et à l'épreuve du sida en particulier. Dans le domaine de la sexualité, la médecine bénéficie d'une légitimité [Foucault, 1976] qui s'étend à la prévention par le biais d'une définition des comportements à risque dans le contexte du VIH/sida. En diffusant dans la population une définition du comportement sexuel, la médicalisation 1 de la sexualité « a pour conséquence indirecte de renforcer les définitions normatives du féminin et du masculin. » [Bozon, 2004 : 31]. Des travaux ont mis en évidence les représentations de la sexualité féminine et masculine dans les discours de prévention qui considèrent la femme comme responsable mais asexuelle et l'homme comme irresponsable et sexuel [Spencer, 1999] et qui orientent les pratiques de prévention (dont le préservatif) plus facilement vers la femme que vers l'homme. Ces représentations ont une double conséquence néfaste : d'une part, celle d'oublier l'homme dans le discours de prévention et d'autre part, celle de cantonner la femme à son rôle procréateur, occultant ainsi le désir féminin. D'autres travaux ont montré en revanche que la prévention autour du préservatif masculin souligne l'attribution de responsabilité et de contrôle à l'homme : « Considérés comme "irresponsables" en matière de contraception, les hommes ont été réinvestis d'une responsabilité et d'une initiative en matière de prévention du VIH et des infections sexuellement transmissibles. » [Giami et Spencer, 2004 : 386]. Mais des auteurs analysent plutôt cette attribution du préservatif à l'homme sous l'angle du pouvoir et de la domination de l'homme sur la femme lors du rapport sexuel [Stein, 1990] . Parce qu'elles ne peuvent que difficilement négocier le préservatif, les femmes sont davantage exposées au risque de contamination sexuelle. * Doctorante en anthropologie de la santé, CReCSS, MMSH, 5 rue de l'horloge, 13090 Aix-en-Provence. 1. La médicalisation est définie comme une transformation socioculturelle qui « consiste à conférer une nature médicale à des représentations et des pratiques qui n'étaient jusqu'alors pas socialement appréhendées dans ces termes » [Fassin, 1998 : 5].
doi:10.3917/autr.051.0037 fatcat:g3wl4vi2zrf6loy4y6jnvlbtze