Comptes rendus
2015
L Homme et la société
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... ord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © L'Harmattan | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) © L'Harmattan | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) L'homme et la société, n o 198, septembre-décembre 2015 Comptes rendus Geneviève FRAISSE, Les excès du genre, concept, image, nudité, Paris, Lignes, 2014. C'est d'abord -dans le Prologue -, sous sa forme adjective que le genre est envisagé, et accepté sans discussion, car toute chose -« des faits et des situations, des êtres et des choses » -peut être appréhendée sous le « prisme du genre » qui permet de comprendre « ce que la sexuation fait à l'Histoire en cours ». En revanche, sous sa forme substantive, le genre suscite les interrogations qui constituent ce nouveau livre de Geneviève Fraisse et sont développées -comme il se doit, ajouterais-je -selon le double registre de l'épistémologique et du politique. En tant que concept, le genre est à la fois la proposition philosophique qui s'offre de penser le sexe et les sexes et ce qui permet de concrétiser cette proposition. Si Geneviève Fraisse parle d'excès, c'est pour le meilleur et le pire. Pour le meilleur, pour autant que la question du genre introduit une nouveauté perturbant l'organisation établie des savoirs ; par définition, la nouveauté est excessive puisqu'elle fabrique de l'ancien, du dépassé. C'est assurément l'aspect le plus stimulant de l'institutionnalisation des études de genre, qui, par le fait, empêche de réduire le genre à une unique dimension militante, ou plus grave encore, aux yeux de l'ordre institutionnel, à du militantisme s'affublant du masque de la science. Ce qui n'interdit cependant en rien au « genre » d'être à la fois politique et scientifique, sans contradiction. En quoi consiste cette nouveauté ? Pour la caractériser, Geneviève Fraisse évoque « un pari philosophique ambitieux », « réconcilier le un et le deux au profit du multiple, garant d'un universel concret » : le un, le genre dans la langue française dans l'occurrence « genre humain », le deux, du féminin et du masculin. « Le Un, le Deux, et le Multiple subsumés en un concept, le 'genre', belle perspective pour notre époque ! » (p. 10) Cependant, cette universalisation sous la forme d'une neutralisation, qui conduit au « genre humain », peut procéder à une dissimulation, comme lorsque, de 1848 à 1944, il allait de soi que le suffrage universel se confondait avec le suffrage masculin ou, qu'aujourd'hui, on oublie qu'une famille monoparentale signifie dans plus de 80 % des cas une mère seule. La neutralisation, par son excès, culmine au mensonge. Voilà pour le pire dans l'ordre cette fois méthodologique : ce genre trop zélé peut gommer la réalité. Aussi GF plaide-t-elle « pour qu'un nouveau regard sur le monde permette la reconnaissance, et la représentation, de ce que les sexes font l'histoire, et de ce que l'histoire est sexuée. » (p. 18) Il ne suffit donc pas d'ajouter un nouveau chapitre, « Histoire des femmes en... ou sous...», à une grande fresque histo-
doi:10.3917/lhs.198.0257
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