A propos du dépérissement du pin portugais dans les landes

Maurice BONNEAU, J. GELPE, François LE TACON
1969 Revue Forestière Française  
Class . Oxford 174 PINUS PINASTER AIT : 424 .7 Il y a quelques années, à partir de 1963 surtout, les forestiers landais ont été fort Inquiets du comportement d'un grand nombre de reboisements récents, éxécutés depuis 1947 environ : croissance anormalement faible et forte mortalité . Les peuplements prenaient un aspect très clairsemé, dù à la fois à une densité trop faible des tiges et à une chute précoce des aiguilles dont ne subsistaient souvent que celles de la dernière année, d'où des cimes
more » ... xcessivement claires . Cette masse foliaire anormalement réduite, permettant de voir sur plusieurs dizaines de mètres dans des peuplements pourtant denses, constituait un des symptômes les plus caractéristiques du dépérissement. Tous les sylviculteurs locaux tombaient d'accord sur le fait que les peuplements atteints étaient issus de graines achetées dans le commerce, donc très vraisemblablement d'origine portugaise, alors que les arbres issus de graines récoltées sur des pins du pays conservaient un comportement normal. Une première cause, d'ordre génétique, était donc admise par tous, ce qui ne faisait d'ailleurs que donner la preuve du bien-fondé des craintes exprimées par P . BOUVAREL en 1960, avant l'apparition des dépérissements : d'après lui, les pins portugais étaient nettement plus sensibles au froid que les pins landais et leur emploi représentait un danger à plus ou moins long terme . Or, c'est précisément après l'hiver très froid 1962-63 que les dépérissements les plus nets sont apparus. Cependant, tous les peuplements de pins portugais ou présumés tels ne présentaient pas les symptômes du dépérissement et celui-ci, lorsqu'il apparaissait, était plus ou moins accusé selon les cas, ce qui laissait supposer que cette sensibilité au froid ne représentait qu'une prédisposition au dépérissement, mais que celui-ci était déclenché par une autre cause. On pensa d'abord à une attaque cryptogamique car, dans les peuplements atteints, beaucoup de pins portaient des chancres envahis par les fructifications d'un champignon, Caliciopsis pinea . Les recherches effectuées à ce sujet (DELATOUR, 1967) ont abouti à la conclusion qu'aucune preuve sérieuse ne permettait de faire du Caliciopsis l'agent direct du dépérissement. D'autre part, connaissant les graves carences dont souffrent les jeunes semis dans les sols très pauvres des Landes, carences prouvées par les effets spectaculaires de la fertilisation, il était normal de penser qu'une insuffisance de nutrition, associée aux effets du froid et 343
doi:10.4267/2042/20280 fatcat:6frhdsmn4ngyjoq3eqhl4hxpr4