Baudrillard ou la mystique du Réel
Olivier Jacquemond
2010
Lignes
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... sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © Éditions Lignes | Téléchargé le 10/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) © Éditions Lignes | Téléchargé le 10/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) Lignes n° 32, février 2010 Dans l'exercice philosophique, je fais un usage assidu de théoriciens tels que Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Roland Barthes, Michel Foucault, d'autres encore, c'est-à-dire que je les utilise, voire que je les instrumentalise afin de me mettre au clair, de fixer une intuition ou de formuler une idée. En d'autres termes, je les enrôle, ils entrent à mon service. J'entretiens avec ces penseurs un rapport de complicité, d'admiration, de bienveillance, je me sens en amitié, je partage avec eux une communauté d'esprit. Ils me fournissent des outils, ce que Gilles Deleuze appelle de façon bien plus adaptée des « concepts ». Avec Jean Baudrillard, il n'en va pas de même. De cette génération de penseurs, c'est probablement celui que je peux ostensiblement le moins employer et pourtant, c'est de lui que je me sens le plus proche. Le concernant, je ne peux m'exprimer qu'à la première personne tant j'éprouve à l'égard de son oeuvre une souterraine intimité. Dans son livre d'entretiens avec François L'Yvonnet intitulé D'un fragment l'autre, Jean Baudrillard évoque son rapport à Nietzsche, et dit à son sujet qu'il « n'a jamais été à proprement parler une référence, seulement une mémoire infuse ». Dans la relation discrète, faite de pudeur, que je tisse à Baudrillard, je perçois quelque chose d'analogue, et c'est précisément dans cette mémoire infuse que je voudrais présentement pêcher pour parler de lui. S'il est aisé de se déclarer badiousien, deleuzien, bourdivin, se dire baudrillardien est plus compliqué. Inclassable, Baudrillard ne fait pas partie, en effet, du cercle des auteurs autorisés, car il ne présente pas les gages du sérieux académique. Ce sort, il l'a bien cherché, car Jean Baudrillard ne souhaitait pas transmettre du savoir utile, faire école. En cela, son geste avait quelque chose de situationniste. Il se méfiait autant de ceux qui s'inscrivent dans les pas d'un Maître, empruntent la même veine, imitant son style jusqu'à
doi:10.3917/lignes.031.0079
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