Mots d'accueil et ouverture du séminaire

Jean-Claude André, Du Lycée, Marc Bloch
unpublished
J'ai le plaisir de vous accueillir au lycée Marc-Bloch de Bischheim, construit en 1990 dans la CUS par la Région Alsace après les lois de décentralisation. Cet établissement a donné la preuve qu'il pouvait amener beaucoup d'élèves au succès, avec un taux de 94% de réussite au baccalauréat. Certaines spécificités sont à noter en la matière : l'internat de regroupement, légèrement excentré, la présence d'un restaurant scolaire non situé dans l'enceinte de l'établissement. Par ailleurs, la
more » ... on scolaire du lycée se caractérise par une grande diversité : nous accueillons des élèves suivant des filières générales et technologiques, des filières génie électronique et arts appliqués, et, depuis trois ans, des classes d'élèves autistes. Je voudrais vous soumettre un chiffre nécessaire à la réflexion pour ce séminaire : 43,3% de nos élèves nous ont communiqué leur adresse Internet. Je cède la parole à madame le recteur. Claire LOVISI, recteur de l'académie de Strasbourg Notre ministre de tutelle a lancé l'offensive contre le poids du cartable scolaire, problème partagé par les parents, les personnels de santé et les médias. Les manuels sont un des principaux responsables de ce poids excessif. Ces manuels, utilisés en classe et à la maison, imposent à l'élève un transport lourd et fatigant. La première étape dans cette lutte est donc d'alléger le cartable en réduisant les manuels scolaires volumineux. Plusieurs voies sont à explorer sur ce sujet : • Certains établissements pratiquent le double jeu de manuels : un pour la maison, un autre dans le lieu d'étude. Cependant, ceci multiplie les manuels et, de fait, le coût d'acquisition pour l'institution et les familles. • Les contenus des manuels peuvent être stockés sur des supports plus légers que le papier. Le développement des nouvelles techniques d'encre électronique et l'essor de l'e-book rendent ce concept très prometteur. Le ministre a ainsi décidé, en 2007, d'expérimenter auprès de cinquante classes de 6 e l'intérêt et l'impact du manuel électronique. L'académie de Strasbourg est pilote de ce projet. Au total, cinquante-trois classes de dix collèges ont été sélectionnées Un comité de pilotage national a travaillé afin de structurer la démarche et de définir un cahier des charges, notamment pour le contenu, en liaison avec les éditeurs. Il n'est pas concevable que le manuel électronique impose des conditions d'étude en régression par rapport à son homologue « papier ». Le support doit être en format A4 et en couleur. Cependant, la technologie n'est pas encore en mesure de répondre de manière satisfaisante aux exigences de la pédagogie et aux attentes du ministère. Ce constat technique ne doit pourtant pas nous rebuter mais, au contraire, nous encourager à pousser notre réflexion sur la diversification des démarches pédagogiques et des outils à la SG-STSI-SDTICE Octobre 2008 disposition des enseignants et des élèves. Il incite à explorer la multiplicité des supports en cours de développement, l'impact sur l'édition, les conditions légales d'utilisation. Il invite à rechercher de nouvelles pistes pour améliorer l'efficacité de l'acte d'apprentissage. Les réformes en cours, celles du lycée en particulier, vont rendre indispensable la multiplicité des points d'accès aux ressources : travail en autonomie de l'élève ou approche pluridisciplinaire du savoir s'accommodent mal des supports traditionnels. Nous sommes, donc, tous réunis, professionnels de l'éducation, parents d'élèves, partenaires des collectivités, éditeurs scolaires, industriels des domaines matériels et logiciels pour relever ensemble ce défi. Ce séminaire, organisé par la sous-direction des technologies de l'information et de la communication de l'éducation, dressera un état des lieux des usages en milieu scolaire et un panorama des solutions techniques envisageables. Il aidera à répondre aux nombreuses questions que nous nous posons : quelle peut être l'incidence du manuel électronique sur les pratiques pédagogiques? Comment celles-ci vont-elles évoluer? Quelles questions juridiques faudra-t-il résoudre? Quel sera l'impact économique tant pour les clients que pour les fournisseurs? Le marché du manuel scolaire pèse actuellement 215 millions d'euros par an, soit près de 8% du chiffre d'affaires de l'édition. La version électronique inquiète un marché existant mais peut également créer une émergence de nouveaux débouchés, encore insoupçonnés. Les éditeurs ont déjà été fortement interpellés par le développement foudroyant d'Internet et la multiplication des sources d'information. Peuvent-ils craindre de la numérisation des contenus les mêmes bouleversements que ceux traversés par l'industrie audio-visuelle ? Quelles stratégies vont-ils mettre en oeuvre ? Par ailleurs, comment l'industrie répondra-t-elle à ce besoin ? Les objectifs et usages d'un manuel d'apprentissage sont très différents de ceux d'un roman. Les dispositifs de lecture disponibles sont suffisants pour la lecture d'un roman ou pour consulter un article de presse, mais devront se développer et s'adapter pour satisfaire les exigences du professeur et de l'élève. Cela peut représenter un coup d'accélérateur décisif pour la démocratisation de ce support. Cependant, le manuel électronique n'est pas la seule réponse possible. Des supports en ligne apparaissent : de la transformation des manuels papiers en fichiers pdf projetables sur écran à la version complète du manuel interactive avec des exercices personnalisés. Une des pistes à explorer par le comité de pilotage qui s'est mis en place pour suivre les futures expérimentations. Le manuel numérique peut rester indépendant de l'ENT mais peut également l'utiliser comme portail d'accès, ou constituer une brique à part entière de l'ENT. L'intégration dans l'ENT affranchirait l'utilisateur de tout support matériel. En revanche, ceci suppose une qualité de service irréprochable de l'application et de l'hébergeur ainsi qu'un nombre de postes suffisant dans les établissements. L'académie de Strasbourg utilise l'ENT depuis cinq ans et veut participer à l'avancée des innovations pédagogiques en intégrant le manuel en ligne. J'espère que ces deux jours de séminaire seront fertiles en exploration des possibilités qui s'ouvrent à nouveau. Réactions Caroline TAMBAREAU, association les Clionautes, formatrice en IUFM : De quand dataient vos études sur l'hyperlecture? Les résultats m'étonnent. Pascale GOSSIN : Elles datent de 2004 Caroline TAMBAREAU : D'après mes observations, ces données ont changé. Les élèves deviennent hyper lecteurs. En quelques années, l'évolution a été très importante, du fait de l'initiation du grand public. Pascale GOSSIN : Il faudrait continuer les recherches afin de démontrer si l'usage des produits numériques au quotidien permet de gagner en efficacité. Je n'en suis pas convaincue. D'autres difficultés ne se lèveront pas simplement grâce à la pratique. L'apprentissage est primordial. Anne DEHESTRU, Fédération PEEP : Je suis étonnée de vos doutes sur la possibilité d'alléger le cartable de nos enfants. Le poids moyen d'un livre est de 800g. Par jour, l'enfant doit porter 7 à 8 manuels en principe. Je ne vois pas comment alléger le cartable sans réduire les manuels. Par contre, j'appuie vos propos sur la responsabilité des enseignants en ce qui concerne toutes les autres fournitures. Pierre-Henri COLIN, 4Dconcept : La difficulté de lire sur écran est un point déjà résolu. L'encre électronique permet de lire comme sur du papier, donnant un réel confort. Pascale GOSSIN : Nous allons vers l'amélioration des supports et des produits qui sont donnés à lire. Christophe DAVID, enseignant, collège Rembrandt Bugatti : Cette année, j'utilise un manuel numérisé. J'ai donc informé les élèves qu'ils pouvaient laisser le livre papier à leur domicile. Pourtant un certain nombre l'apporte à chaque séance. Ces élèves vivent continuellement dans le numérique, mais ils gardent un rapport presque sensuel avec le papier. Il est difficile de les convaincre de ne pas transporter leur livre. Peut être que quelques parents les forcent même à l'emmener en cours. Bruno RIVES, observatoire Tebaldo : La Renaissance a marqué une modification complète de l'enseignement avec l'apparition du livre moderne. Nous ânonnions des vers de Virgile, avec le livre nous apprenions la grammaire. Quelles réflexions existent actuellement, à l'ère de l'hyperlien, sur ce qui doit être inscrit dans des manuels ? Alain CHOPPIN : Je suis historien. Je suis donc gêné de répondre à une question qui est une projection. Bruno RIVES : La société Adobe, créatrice de Photoshop, avait décidé de retirer ses manuels d'explication papier, toute la documentation étant disponible sous forme numérique. A la demande des utilisateurs, la société la réintègre actuellement sous format papier alors qu'elle pèse une douzaine de kilos. Alain CHOPPIN : Il s'agit là de la fonction sacrée du manuel, c'est-à-dire qu'il est investi de symboles multiples. L'un des problèmes qui se pose encore aujourd'hui est que les manuels sont prêtés aux élèves. Les manuels ont une valeur précieuse, cette notion reste très présente dans les mentalités collectives. Personne ne jette un livre. Stéphanie VAN DUIN : D'après les éléments que nous avons observés dans la commission Patino, le rapport à l'objet livre est irremplaçable. Le numérique est surtout un complément utile et une valeur ajoutée. Il offre des opportunités propres telles que le multimédia et l'interaction. Mais un remplacement total n'est pas envisageable. Pourtant, nous observons dans l'édition scientifique et professionnelle des chercheurs qui consultent les revues en ligne sur de grandes bases pour la rapidité d'accès aux contenus. Le rapport au contenu est utilitaire, bien différent du rapport au livre de littérature ou au beau livre. Pierre MATHIEU, CRDP du Limousin : Vous affirmez que la diminution du poids des cartables ne sera effective que dans une dizaine d'années. Il me semble que vous oubliez un facteur essentiel actuellement : l'investissement grandissant des collectivités territoriales. En Corrèze, les enseignants seront dotés dès le mois prochain, les élèves de 5 e dès le mois de février. Contrairement à mon confrère, les manuels papiers resteront au collège. Nous recherchons les équivalents numériques. Une question me paraît fondamentale : il me semble
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