La religion dans la philosophie et la philosophie dans la religion
Jean Grondin
2019
Théologiques
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... Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 8 fév. 2020 08:36 Théologiques revue interdisciplinaire d'études religieuses ISSN 1188-7109 (imprimé) 1492-1413 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Grondin, J. (2019). La religion dans la philosophie et la philosophie dans la religion. Théologiques, 27 (1), 57-66. https://doi.org/10.7202/1066569ar Résumé de l'article Présenté lors d'un colloque interdisciplinaire soulignant l'intégration en 2017 de l'Institut d'études religieuses à la Faculté des arts et des sciences de l'université de Montréal, ce texte aimerait rappeler à très grands traits quelques-uns des liens étroits qui ont uni la philosophie à la religion et la théologie. Il souligne d'abord la dette infinie, immémoriale et en un sens douloureuse de la philosophie envers la religion, qui a pensé et célébré avant elle l'idée d'un ordre et d'une beauté du monde, puis la dette de la théologie et de la religion elle-même envers la philosophie quand elles ont voulu exprimer leur message de salut dans le langage de la raison. L'essor récent et invraisemblable de la philosophie de la religion, qui se remarque dans d'innombrables publications et dans la création, en 2011, d'une Société francophone de philosophie de la religion, puis d'une Société canadienne de philosophie de la religion en 2018, est un phénomène qui a plusieurs causes 1 . Le « retour du religieux » qu'ont ânonné les médias dans la foulée du 11 septembre 2001 y est pour quelque chose, tout comme l'arrivée dans les pays occidentaux d'immigrants issus de religions non chrétiennes qui ont confronté ces sociétés à une résurgence, déconcertante pour certains, du « religieux ». S'agissant de la philosophie, ce retour de la religion comme thème digne d'intérêt peut apparaître surprenant parce que la question toxique de la religion était à toutes fins utiles disparue de la philosophie d'après-guerre, avec la popularité de l'existentialisme « athée », du marxisme, du structuralisme et de la philosophie analytique « positiviste », qui estimait que le seul discours sensé était celui des sciences exactes. Pour toutes ces philosophies, qui eurent et continuent d'avoir une grande influence sur les esprits, notamment dans les écoles, les collèges, les universités et plusieurs médias, la cause de la religion était entendue : elle était l'opium du peuple dont une raison philosophique bien pensante et pensant bien s'était définitivement et triomphalement émancipée. Ici, la Chute du mur de Berlin en 1989 a fait son oeuvre : elle a montré que la certitude marxiste (et positiviste) selon laquelle la religion n'était qu'une forme d'aliénation était elle-même le fait d'une croyance, voire d'une fer-1. Pour une analyse plus détaillée du « retour » de la question de Dieu en philosophie, voir mon essai (Grondin 2010).
doi:10.7202/1066569ar
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