Une maladie hétérogène aux options thérapeutiques fascinantes «Des jours très prometteurs attendent la BPCO»

Robert Thurnheer
unpublished
Des jours très prometteurs attendent la bronchopneu-mopathie chronique obstructive (BPCO). Pendant des dé-cennies, peu de dynamisme était attribué à la recherche et au traitement de cette maladie qui, en raison de sa chronicité, déjà mentionnée dans son intitulé, et peut-être aussi à cause de sa proximité avec une toxicoma-nie, attirait peu l'attention des chercheurs et des clini-ciens. Il se peut que l'intensification de la recherche menée au cours des dernières années et l'autorisation de
more » ... elles substances, à intervalles toujours plus courts, soient liées au volume potentiel que représente ce marché pour l'industrie pharmaceutique. Il est tout à fait légitime de tirer profit de ces investissements, du moment qu'ils bénéficient aussi aux patients. On peut toutefois se poser la question si la mise en place d'études et les résultats livrés par de nombreux essais sont effectivement utiles aux patients. Lorsque par exemple la supériorité d'une association de deux bronchodilatateurs par rapport à l'association d'un bronchodilatateur et d'un corticoïde topique peut être prouvée, il s'agit plutôt d'une prophétie autoréalisatrice que d'un progrès. Lorsque de nombreuses nouvelles études s'orientent uniquement sur la non-infériorité, sans mettre en évidence de bénéfices significatifs pour une nouvelle substance, cela n'aide pas vraiment le patient. La crainte que chaque nouvelle substance soit réclamée puis utilisée par les patients qui, même à des stades moyennement avancés restent symptomatiques en dépit du traitement, n'est pas tout à fait infondée lorsque l'on jette un coup d'oeil sur les études portant sur la conformité aux recommandations et si l'on examine l'utilisation médicamenteuse réelle au quotidien. Quoi qu'il en soit, de nombreux critères d'évaluation plus pertinents que le volume expiratoire maximum seconde et la capacité vitale sont aujourd'hui employés dans les études, tels que l'impact sur l'hyperinflation, la fréquence des exacerbations, la capacité d'endu-rance aérobie et la qualité de vie. Le bénéfice doit être perceptible par le patient; la différence clinique mini-male, mais perceptible par le plus grand nombre de patients possible, est plus pertinente que les «différences statistiquement significatives» portant sur les valeurs moyennes. Au cours des prochaines années, nous attendrons en vain une percée qui, à l'instar de l'intervention corona-rienne non invasive pour la coronaropathie, transforme fondamentalement l'évolution de la BPCO. Toutefois, pour la génération de pneumologues actuellement en activité, la BPCO est devenue une maladie captivante, hétérogène, a ux o ptions thérapeutiques m ultiples et fascinantes. Le phénotypage de la physiologie, de la radiologie, de l'évolution clinique, des comorbidités, de l'inflammation et d'autres aspects nécessitent une prise en charge individuelle et différenciée des patients. Par ailleurs, la fréquence de la BPCO chez les non-fumeurs est sous-estimée: des données collectées dans différents pays ont révélé que plus d'un tiers des per-sonnes atteintes de BPCO n'ont jamais fumé. Je remercie tous les auteurs de ce numéro qui ont aidé à réaliser un tour d'horizon détaillé et actuel de cette maladie fréquente et lourde sur le plan personnel et so-cio-économique. Ils ont ainsi contribué à partager les connaissances sur les options thérapeutiques et à aider les personnes touchées par le biais de nouvelles substances et interventions thérapeutiques, mais aussi par la promotion des initiatives individuelles pour une meilleure qualité de vie. Pour le bénéfice de nos patients, tirons profit de l'impul-sion donnée par l'élan d'investissement et d'innovation. Il convient cependant de nous rappeler que ce n'est pas uniquement le recours à tous les traitements dispo-nibles qui est en mesure de réduire la charge de cette maladie, mais également-et dans une mesure au moins aussi efficace-la prévention du tabagisme ainsi que la protection de la pureté de l'air. Robert Thurnheer SWISS MEDICAL FORUM-FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(27-28):645
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