Hommage à Robert Castel

2013 Le sociographe  
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more » ... ccord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © Champ social | Téléchargé le 21/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) © Champ social | Téléchargé le 21/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) © Champ social | Téléchargé le 21/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) © Champ social | Téléchargé le 21/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) / 112 Après une agrégation de philosophie, il s'est tourné vers la sociologie et a travaillé entre autres avec Pierre Bourdieu. Son travail fait une large place à l'historiographie qui l'inscrit dans la lignée de Michel Foucault. Catherine Tourrilhes se souvient du travail qu'elle a fait à propos de Robert Castel. Il lui apparaît que pour Robert Castel le travail social des années 1968 est critiqué comme participant à un contrôle social et à « l'emprise étatique sur les comportements non conformes pour les inscrire de force dans les cadres administratifs mutilants » (Castel, 1998, p.33). Mais avec la crise économique, les travailleurs sociaux sont confrontés à de « nouveaux pauvres » ayant perdu leur travail, des victimes qui ne se considèrent pas comme « inadaptées », leurs problèmes venant essentiellement de la perte de leur emploi. « Laissés pour compte » de l'entreprise libérale accusant une baisse de production donc de besoin en emplois, ils sont dans les discours officiels de l'époque le prix provisoire à payer du progrès économique, en attendant le retour de la croissance (ibid., p.35). Entre 1970 et 1980, devant l'augmentation du chômage et la marginalisation d'individus tout à fait « normaux » que Robert Castel appelle « les naufragés des mutations économiques, technologiques et sociales en cours -les naufragés d'une société salariale profondément ébranlée » (ibid., p.39), on commence à se poser la question de leur responsabilité sans remettre en question celle de la société. Cette marge du corps social « invalidée », « disqualifiée » socialement ne peut qu'interroger son centre si on veut parler de cohésion sociale, de citoyenneté, de solidarité, « ce lien problématique qui assure la complémentarité des composantes d'une société en dépit de la complexité croissante de son organisation » (ibid., p.22). Le « social » représente donc un système de régulation institué pour combler, entre autres, le manque de lien à la société salariale et la question sociale porte sur la place que peuvent occuper, dans une société postindustrielle, toute une frange de travailleurs désocialisés, ces « normaux inutiles », ces « surnuméraires » qui sont, selon Robert Castel, « superfétatoires » : « s'ils ne sont plus au sens propre du mot des acteurs, parce qu'ils ne font rien de socialement utile, comment pourraient-ils exister socialement ? Au sens évidemment où exister socialement voudrait dire tenir effectivement une place dans la société » (Castel, 1996, p.20-21). Tout le problème est leur présence en surnombre. Auparavant, la question sociale était « de savoir comment un acteur social subordonné et dépendant pouvait devenir un sujet social à part entière. Maintenant, la question est plutôt d'euphémiser cette présence, de la rendre discrète au point de l'effacer (c'est, on le verra, tout l'effort des politiques d'insertion, à penser
doi:10.3917/graph.042.0110 fatcat:fmy6zri44bgojjh7hbs4tyvryq