Le transfert technique et ses avatars : le cas de la Russie
Irina Gouzévitch
2007
Documents pour l'histoire des techniques
De la Moscovie d'Ivan III (1465-1505) à l'Empire russe d'Alexandre I er , le transfert massif des connaissances occidentales apparaît comme un facteur important dans la construction de l'État russe. Les deux grandes vagues du transfert, celles qui se produisirent à la charnière des XV e et XVI e siècles, puis à la charnière des XVII e et XVIII e siècles, coïncidèrent avec la naissance des deux structures étatiques. La première survint au moment où la Principauté de Moscou se transformait en
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... moscovite ( fig. 1 ). La seconde eut lieu lors de la transformation de celui-ci en Empire russe. Dans les deux cas, le transfert fut initié pour satisfaire à des besoins techniques : réorganiser l'armée, ériger les fortifications, créer la flotte militaire... Dans les deux cas, il aboutit à la réorganisation globale du mode de vie existant. On est donc en droit de s'interroger sur la nature de ces réformes et sur leur alternance. En effet, dans quelle mesure les réformes ont-elles initié le transfert des savoirs et déterminé son échelle ? Et dans quelle mesure ont-elles été elles-mêmes portées et affinées par ce transfert ? En définitive, l'interrogation principale de cette étude se résume ainsi : quel a été le RÉSUMÉ Ce texte n'est pas un article à proprement parler même s'il en recèle les traits. Il s'agit plutôt d'un survol qui tente de présenter, dans ses plus grandes lignes, une thèse consacrée à la problématique très prenante de la circulation du savoir technique. Les divers aspects de cette problématique font aujourd'hui l'objet d'examens attentifs de la part des historiens de plusieurs disciplines. Ils concernent aussi bien des échanges entre les pays que la mise sur pied des réseaux de circulation embrassant des aires culturelles et géographiques multiples, voire des continents tout entiers. Dans le cas que j'étudie, un exemple concret a été retenu, celui de la Russie moscovite et impériale, et de ses relations techniques complexes avec l'Europe, ceci sur une période longue de trois siècles. Ce regard permet de voir le processus en évolution, des débuts encore timides à une véritable percée cognitive, mais aussi d'en suivre les diverses filières, de la circulation des hommes et des objets techniques à celle, parfois plus sinueuse, des idées et des textes et d'en évaluer l'impact. Résumés et mots clés en anglais sont regroupés en fin de volume, accompagnés des mots clés français.
doi:10.4000/dht.1158
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