KATARZYNA THIEL-JAŃCZUK

Université Mickiewicz
unpublished
Écrivain en tant que « non-lecteur » : le cas de Pierre Michon « Je suis illettré », répète Pierre Michon après le père Foucault, un vieillard analphabète et personnage de Vies minuscules 1. Face à une remarquable érudition de l'écrivain, cet aveu suppose un jeu plutôt que la constatation d'un fait. Ceci ressort avec plus d'évidence lorsqu'à la figure de l'illettré il oppose une autre, celle du « lecteur difficile », qui « défait toute parole en feignant de le surplomber, qui réfute l'oeuvre en
more » ... portant captieusement sa bouche et son esprit au-dessus de la bouche et de l'esprit qui peinent à l'oeuvre » (VM, 141). D'origine modeste et provinciale, croyant longtemps avoir manqué une culture littéraire suffisamment développée pour pouvoir se lancer dans l'écriture 2 , Michon semble ainsi non seulement s'identifier avec les personnages minuscules de ses romans, mais avant tout subvertir une lecture légitime qui détermine la participation à une culture d'élite. Comme le non-lecteur de Pierre Bayard, Michon-devenu (ou plutôt redevenu) illettré-assume un constant va-et-vient entre la lecture (et en général, la culture) légitime et le renoncement à celle-ci. En me référant aux catégories forgées par Pierre Bayard ainsi qu'aux textes théoriques concernant la lecture, je me propose de réfléchir sur l'apport de la « non-lecture » michonienneà son projet auto-et biographique ainsi que sur la fonction qu'il donne à son écriture.
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