Etudes médicales sur les genres Arum et Actaea [book]

Juliette Marie Augustine Marguerite Chauliaguet
1897 unpublished
Les Ârum sont des plantes herbacées, vivaces, à tige entièrement souterraine, renflée en un tubercule, qui émet chaque année, au printemps, une ou plusieurs pousses, protégées à la base par des écailles, et qui épanouissent quelques feuilles vertes, du milieu desquelles se dégage l'axe d'inflorescence. A la fin de l'été, cet axe persiste seul, après disparition des feuilles, et disparaît lui-même après la chute des fruits qu'il portait. Chaque pousse nouvelle a donc sa vie réduite à la belle
more » ... son, et, au printemps suivant, ce sont une ou deux autres pousses vertes qui assureront l'assimilation et la fructification de la plante. Tel est, dans ces grands traits, le mode de végétation des Arum, mais il importe de préciser quelques détails. A la germination, la plantule possède un axe hypocotylé, cylindrique, mais qui manifeste déjà sa tendance à se renfler; une racine pivotante, mais grêle, continue vers le bas cet axe; cette racine ne tarde pas à disparaître, et désormais la plante n'aura plus que des radicelles adventives, de durée éphémère. Dès la fin de la première année de végétation, l'axe hypocotylé s'est renflé en une tige souterraine qui constitue le tubercule, et qui, pendant au moins sa deuxième année de végétation, se borne à émettre des pousses vertes, sans fleurir. Les pousses vertes des sujets qui n'ont pas encore fleuri ont un axe tellement raccourci, que ses entre-noeuds n'existent presque pas ; elles sont protégées extérieurement par quelques feuilles, réduites à des gaines blanches, minces, enroulées sur elles-mêmes en spirale, sur toute leur hauteur, les extérieures bien plus courtes que les intérieures, ces dernières emboîtées dans les premières ; ces gaines se rabattent peu à peu vers le sol, pour livrer passage à une ou deux feuilles vertes, complètes, formées d'un pétiole et d'un limbe sagitté; leur pétiole se dilate à sa base, et latéralement, en deux lames minces constituant une gaine enroulée sur elle-même. La gaine de la feuille la (1) Le mode de végétation des A7'i/7n n'a guère été étudié, et d'une façon succincte, que par Irmisch. partie âgée du tubercule, la place qu'occupaient les écailles et les feuilles des années précédentes. Outre la ouïes pousses vertes épanouies, le tubercule présente, en des points divers de sa surface, mais toujours à l'aisselle des cicatrices peu apparentes, laissées par les feuilles de l'année précédente, des bourgeons saillants, sous forme de petits boutons blancs, nacrés (etdont nous avons plus haut indiqué les rapports), la plupart (i) \->'A. maculalum ayant été figuré, avec plus ou moins de détails et d'exactitude, il est vrai, par de nombreux auteurs, nous avons préféré représenter en détail l'autre espèce indigène, VA. ilalicum. (v. pi. 1.) iode petite taille, et dont certains atteignent les dimensions d'une noisette; leur base se renlle alors en une masse, gorgée de réserves féculentes, tandis que leur sommet sentoure d'écaillés blanchâtres ou rosées. hes feuilles les plus externes, le plus souvent au nombre de deux, sont réduites à de longues gaines incolores, formant de véritables squames ; les feuilles les plus internes sont complètes, toutes alternes, imbriquées. Ces dernières sont formées d'un pétiole, subcylindrique dans l'ensemble, rétréci au sommet, parcouru par de fines cannelures longitudinales, dilaté jusqu'à mi-hauteur en 2 lèvres membraneuses, dont l'une chevauche sur l'autre, formant par leur ensemble une large gaine, gaine atténuée progressivement de la base au sommet. Le limbe sagitté, deux fois moins long que le pétiole, liasté à la base, obovale, aigu au sommet, est lisse, luisant, entièrement vert ou parsemé de macules irrégulières d'un noir pourpré ; on peut décrire le limbe comme formé de 3 lobes, le supérieur grand, les deux inférieurs petits, sous forme d'oreillettes deux fois moins longues que le lobe supérieur, courtes, descendantes, peu ou pas divariquées, à pointe plus ou moins aiguë. Il est parcouru par trois nervures principales, saillantes à la face inférieure, une pour chaque lobe, raccordées vers le haut par des anses; une nervure tout à fait latérale est très grêle. Certains pieds ne portent qu'une seule feuille verte bien développée, on trouve alors, dans la gaine, une deuxième feuille restée rudimentaire, surtout quant à son limbe. Certains autres pieds portent 3-4 feuilles vertes, c'est un fait rare; mais, assez souvent, 2 feuilles rudimentaires se trouvent abritées dans la gaine de la deuxième feuille verte normale. La feuille inférieure ou extérieure enveloppe, dans sa portion vaginale, haute et fermée, la feuille supérieure ou intérieure, qui enveloppe elle-même dans sa portion vaginale l'axe d'inflorescence. Quelque soit le nombre des feuilles, c'est à l'aisselle de la gaine de l'avant-dernière feuille que se trouve V axe d'inflorescence formant -11lu terminaison de la pousse fouillée. Son pédoncule (scape) est plus court que le pétiole ou l'égalant à peine, cylindrique, vert, ou parfois tacheté comme les feuilles, strié longitudinalement, porteur d'une large bractée (spathe), opposée ù la dernière feuille, obovale dans l'ensemble, atténuée au sommet, à insertion oblique, enroulée sur elle-même encornet, ovoïde et ventrue à la base, puis brusquement rétrécie,puis dilatée à nouveau et progressivement en longue pointe, avant son épanouissement. Lors de l'anthèse, la portion supérieure seule de la spathe s'étale en un limbe, formant cornet largement ouvert au-dessus de la portion réirécie qui demeure Fig. 1. Arum maculalum L. -Plante entière fleurie. -Inflorescence enc. longit. -Base de l'infloresc. -Anthère. -Ovaire entier et en c. longit. -Fruit mûr. -Graine entière et en coupe. enroulée, d'un vert jaunâtre, pâle, uniforme, ou bien maculée de noir, parfois simplement bordée de pourpre sale, parcourue par un très grand nombre de nervures longitudinales, parallèles, reliées par des anastomoses secondaires transversales ou obliques, le tout formant un réseau fort élégant, saillant surtout à la face interne. Au-dessus de l'insertion de cette bractée, l'axe d'inflorescence se prolonge, sous forme d'une baguette cylindrique (spadice), moitié moins longue que la .spathe, progressivement atténuée vers le haut, finalement terminée par une massue cylindrique, allongée, à sommet obtus. Le spadice porte des/e?^/-.s;apérianthées,unisexuées, les inférieures femelles, les supérieures mâles, et des fleurs stériles. Presque immédiatement au-dessus de l'insertion de la spathe, On connaît diverses variétés et formes d' Arum 7nacidafuni, qni ont été élevées par quelques auteurs, et surtout par ScnoTT,au rang d'espèces distinctes. Les caractères réputés spécifiques sont tirés de la coloration de la spathe, des dimensions de la massue du spadice et de son manche En réalité, il s'agit d'une espèce quelque peu sujette à variation. Nous n'avons à signaler ici que les variétés susceptibles d'être rencontrées dans notre pays, et par suite dignes d'intérêt pour le médecin. Le nom spécifique de maculatum n'est pas justifié d'une façon générale. De nombreuses plantes de cette espèce, non maculées, croissent mêlées aux plantes franchement maculées; dans certaines régions même, le nombre des pieds non maculés est plus considé--15rable que celui des pieds maculés. On peut donc distinguer deux variétés : l""" vïïr. vîdf/aris immaculaia^la plus répandue [Arum immaculatum SciiOTT. -A. Zelehori, SeiioTT). Le limbe foliaire y est d'un vert uniforme, la spathe a un tube à fond blanc, à zone pourprée médiane, un limbe vert h la face interne, d'un pourpre sale au bord, une massue d'un vert pâle ou jaunâtre. 2*= var. vîdgaris maculata. -Le limbe foliaire est, à sa ftice supérieure, irrégulièrement parsemé de taches noires ou pourprées, la spathe a un tube, avec zone pourprée supérieure à sa face interne, un limbe vert, parsemé çà et là de taches irrégulières, de même couleur que celles de la feuille. DiSTRiB. GÉOGRAPHIQUE. -Arum maculatum est commun dans tous les lieux ombragés de l'Europe moyenne et méridionale. Bornons-nous à quelques indications sur sa distribution géographique en France. C'est à tort que l'on a indiqué parfois (Bautier) A. maculatum comme répandu par toute la France. II est très rare à Montpellier (De Cand.); il existe dans les parties montueuses de la Haute-Garonne, du Tarn, du Gard. En Auvergne, il se rencontre partout dans les prairies et les montagnes jusqu'à 1.000 mètres (Lecoq), dans les Pyrénées avec une fréquence plus ou moins grande, selon les localités (Lapeyrouze,Zetterst., DuLAC), dans les Bouches-du-Rhône, l'Aveyron, le Lot ; rare dans le Forez; dans la Seine-Inférieure, la Seine, Seine-et-Oise, la Côted'Or, Maine-et-Loire, il domine à la presque exclusion àQ V X. italicum ; il existe seul dans Meurthe-et-Moselle, la Meuse, le Dauphiné, le Doubs, l'Alsace, le Jura, le Morbihan. Dans toute la région de l'Ouest, l'A. italicum le remplace presque complètement. 2°C aractères anatomiques. L'étude systématique de la structure anatomique et histologique des Arum indigènes n'a pas encore été faite jusqu'à ce jour. On ne trouve, sur ce sujet, que quelques renseignements sur des points spéciaux, épars dans les mémoires de Van Tieghem, de Dalitzcu,Garcin, Courcuet. L'importance spéciale que présente, au point de vue médico-légal.
doi:10.5962/bhl.title.15529 fatcat:tst7nkebfzg6payo3zba37uqca