Groupe d'études « La philosophie au sens large » Animé par Pierre Macherey Art et langage : la possibilité de l'événement politique ou de l'exigence ethique
Heidegger, Marc Benjamin, Goldschmit
2003
unpublished
Que l'art soit pensé comme lieu de la politique « au sens le plus haut »(Heidegger) à peu près à une époque où les idéologues du nazisme parlaient de la politique comme grand art, qu'il soit analysé comme possibilité d'une politique révolutionnaire(Benjamin), selon l'analogie de l'éthique et de l'esthétique(Wittgenstein) ou comme exigence d'écrire(Blanchot), c'est à chaque fois dans une analyse du langage et de la question de la langue que se décident chacune de ces déterminations éthiques ou
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... litiques de l'art. Il s'agira par conséquent de montrer dans cette thèse que c'est à la pointe d'une philosophie de l'art comme langage ou d'une pensée du langage depuis l'essence de l'art que Heidegger, Benjamin, Wittgenstein, Blanchot comprennent le rapport de l'art à la politique du siècle dernier, le rapport de l'art au capitalisme, au fascisme et à la technique planétaire. Cette thèse cherchera à analyser comment l'articulation de l'art et du langage a pu constituer la possibilité d'une éthique ou d'une politique philosophique au XXème siècle, en vue sans doute de conjurer, dans au moins trois des cas suivants, le verdict hégélien dont Heidegger donne la citation à la fin de « l'origine de l'oeuvre d'art » : « l'art est, quant à sa suprême destination, une réalité passée »(Chemins qui ne mènent nulle part, Tel Gallimard, p. 14). Ce qui suit ne tentera pas de comparer des auteurs et des corpus, mais essaye plutôt de prendre la mesure d'un espace de la pensée et des contraintes qui se sont exercées et qui s'exercent sans doute encore sur les discours et sur leur tentative de situer l'art et le langage dans leur rapport à l'éthique et la politique. Les hypothèses de travail, que nous présentons ici, ne sont que provisoires et n'ont à peu près qu'une fonction heuristique ; elles appellent donc questions, objections et réfutations. Ce projet ne représente donc qu'une pré-compréhension nécessaire pour commencer à lire les textes, pour se demander ce qu'on va rencontrer, et surtout ce qu'on cherche. Deux inquiétudes accompagnent constamment ce travail : 1/ celle de savoir si l'art est « structuré comme un langage » ou si il faut plutôt penser que « toute l'entreprise de l'art est de désarmer le discours. Au profit, non d'un autre mode de discours, mais d'un non discours, qu'on n'a jamais qualifié que négativement(rire, non-savoir, figure) »(J-M Pontévia, Tout a peut-être commencé par la beauté, William Blake and Co., p. 159) ; 2/ celle de savoir si tout cela a le moindre intérêt.
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