Christine KOSSAIFI
Quand Le, Poete Convoque, L Sorciere
unpublished
A PROPOS DE LA SATIRE I, 8 ET DES EPODES 5 ET 17 Magicienne redoutable qui met ses terribles enchantements au service de sa passion, figure mythique en même temps que tragique ou épique 1 , la sorcière est aussi la vieille lena de la comédie, l'entremetteuse grotesque et faussement effrayante que les poètes élégiaques se plaisent à mettre humoristiquement en scène 2. La richesse polysémique d'une telle figure ne pouvait que séduire Horace qui lui consacre trois pièces. Dans la huitième du livre
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... I de ses Satires, qui sont, en 35-34 avant J.-C., sa première publication, il peint, « sous la forme d'un petit conte fantastique, une scène de magie qui relève de la bouffonnerie » 3 Pour peindre ses sorcières, Horace procède volontiers par juxtaposition de saynètes, qui ont tendance à former une unité thématique et sémantique, à tel point que l'Épode 17 a pu être divisée en deux, la réponse de Canidie formant « une nouvelle ode », selon Acron, commentateur d'Horace sans doute au II e siècle , tandis que, dans les Epodes, rédigées sensiblement à la même époque, le ton est plus pathétique : la cinquième donne la parole à un enfant, que la sorcière Canidie, accompagnée de comparses, s'apprête à mettre à mort pour faire revenir à elle son amant ; la victime supplie ses bourreaux, puis, devant leur insensibilité, les maudit. La dix-septième épode constitue une rétractation du poète, qui, torturé par les maléfices de Canidie, reconnaît que ses sortilèges sont efficaces et en appelle à sa pitié ; celle-ci lui répond en disant qu'elle le punit durement pour avoir divulgué ses activités et douté de ses pouvoirs. Objet de poésie en même temps que moyen d'expression de la violence, la sorcière mobilise le talent d'Horace qui, à travers l'ambiguë Canidie, nous propose une réflexion sur l'art poétique.
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