Sur un coup de tête..

Françoise Petitot
2006 La lettre de l enfance et de l adolescence  
En cette fin d'année scolaire caniculaire l'humeur est sombre et lasse malgré les « révoltes » inattendues et inespérées de ces dernières semaines : le succès considérable de la pétition « pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans », la lutte contre le CPE, la mobilisation importante sur le renvoi des enfants « sans papiers » dans leur pays. Comme si la résignation, le consentement complice (« on ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde ») ou lassé, devenait tout à
more » ... intolérable quand les enfants, les jeunes, sont concernés. Révoltes cependant vite recouvertes par la coupe du monde de football qui envahit les medias et les esprits. Panem et circenses... la recette est impérissable. Et voilà que, là où on ne l'attendait pas, surgit l'événement : sous nos yeux le « papy » que l'opinion publique jetait à la poubelle des vieux, le héros futur retraité, devient le « minot » des cours de récréation qui donne un coup de boule. Celui qu'on ne cessait d'encenser devient un « délinquant ». Exclusion ! En un instant le héros est déchu et se retire tête basse. A dix minutes de la fin de sa carrière, en plein succès, il défaille, il chute. Instant stupéfiant, émouvant, tragique, un instant de vérité. Mais de quelle vérité ? Comment comprendre un tel geste de la part de quelqu'un arrivé à ce niveau de compétition, habitué à la provocation qui règne dans les stades ? Passage à l'acte, acte manqué (il n'a pas pu supporter la gloire, il ne pouvait supporter de partir), acte kamikaze (il a lui-même détruit sa légende) ? La malédiction de l'origine aurait-elle frappé en pleine gloire ? « Il a commencé petit joueur de cité, il finit pareil » avancent certains, suivant en cela monsieur Benisti et quelques politiques et de rappeler son enfance, ses quinze précédents cartons rouges.
doi:10.3917/lett.064.05 fatcat:4qwlgpbemrd4pnfgoev6yf7o6a