Article Peuple - Encyclopédie Diderot

DE JAUCOURT
1988 Hermès  
PEUPLE, LE, f.m. (Gouvern. politiq.) nom collectif difficile à définir, parce qu'on s'en forme des idées différentes dans les divers lieux, dans les divers temps, et selon la nature des gouvernements. Les Grecs et les Romains qui se connaissaient en hommes, faisaient un grand cas du peuple. Chez eux, le peuple donnait sa voix dans les élections des premiers magistrats, des généraux, et les décrets des proscriptions ou des triomphes, dans les règlements des impôts, dans les décisions de la paix
more » ... u de la guerre, en un mot, dans toutes les affaires qui concernaient les grands intérêts de la patrie. Ce même peuple entrait à milliers dans les vastes théâtres de Rome et d'Athènes, dont les nôtres ne font que des images maigres, et on le croyait capable d'applaudir ou de siffler Sophocle, Eurypide, Plaute et Térence. Si nous jetons les yeux sur quelques gouvernements modernes, nous verrons qu'en Angleterre le peuple élit ses représentants dans la chambre des communes, et que la Suède compte l'ordre des paysans dans les assemblées nationales. Autrefois en France, le peuple était regardé comme la partie la plus utile, la plus précieuse, et par conséquent la plus respectacle de la nation. Alors on croyait que le peuple pouvait occuper une place dans les états-généraux, et les parlements du royaume ne faisaient qu'une raison de celle du peuple et de la leur. Les idées ont changé, et même la classe des hommes faits pour composer le peuple, se rétrécit tous les jours davantage. Autrefois le peuple * Extrait de L'Encyclopédie de Diderot.
doi:10.4267/2042/15683 fatcat:tlsoeyar5ja4xap4svrr6ydqey