Les spirolactones dans le traitement de la cirrhose hépatique
1962
Digestion
La pathogénie des aedèmes chez les hépatiques se complique à mesure que la physiopathologie progresse; le barrage mécanique par Γhypertension portale est relégué au second plan, et Γon fait inter-venir maintenant divers facteurs endocriniens: après Γhormone anti-diurétique (vasopressine) d'origine hypophysaire, c'est Γhormone mi-néraloïde du cortex surrénalien, Γaldostérone, dont on precise le role. Les syntheses de nos connaissances à ce sujet, comme le remarquable livre de J. Fabre («Les
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... es», Masson, Edit. Paris, 1959) et le bel article recent de R. S. Much et A. F. Muller (Presse Médícale du 11 novembre 1961, p. 2117-2120) permettent de mesurer le chemin par-couru depuis les premieres experiences clinico-biologiques, réalisées par la même école en 1954. En ce qui concerne notre sujet, deux notions essentielles doivent être retenues: Γinfluence capitale des variations du volume plasmatique sanguin sur la secretion d'aldostérone, celle-ci étant excítée par Γhypovolémíe; Γaldostérone contribue à la réabsorptíon du sodium au niveau de la portion dístale du tube renal. («Salt retaining factor» de Luetscher.) Aussi P. Vésín, R. Cattan et leurs collaborateurs avaient-ils pu esquisser déjà en 1957 (Bull Mém. Soc. Méd. Hop. Paris; vol. 73, p. 383-397) une explication d'ensemble des aedèmes chez les hépatiques: par suite de la perméabilité capillaire exagérée ou de Γhypopro-tidémie, Γeau des vaisseaux fuit vers le secteur interstitiel; cela diminue le volume circulant, ce qui entraîne une hypersécrétion d'al-dostérone; cet hyperaldostéronisme augmente à son tour la réabsorp-tion sodique, qui retient de Γeau. II faut y ajouter Γincapacité pour le foie malade d'inactiver normalement Γaldostérone. Les deux facteurs réunis expliquent Vhyperaldostéronisme constate habítuellement chez les círrhotíques ascítogènes: chez les 9/10 de ces malades on constate une aldostéronur¿e (reflet fidèle de Γaldostéron-émie) de 28 µg/24 h en moyenne, au lieu de 6 µg/24 h.normalement. Pour débarrasser les cirrhotiques de leurs aedèmes, on utilise le regime désodé, la prednisone, et surtout les saliurétiques modernes; 206 Editorial ceux-ci, comme les mercuriels d'autrefois, agíssent sur le segment proximal du tube renal. II était logique, quand les mesures thérapeuti-ques précédentes se révèlent inefficaces ou toxiques, de chercher à combattre Γexcès d'aldostérone qui, elle, possède un point d'applica-tion different, en réabsorbant le sel, rappelons-le, au niveau du segment distal du tube renal. D'où Γemploi d'antagonístes de Γaldostérone. Ceux-ci sont de deux ordres: les inhibiteurs de la 11-ß-hydroxydation (métopyrone) empêchent la formation surrénalíenne de Γaldostérone; trop peu maniables en thérapeutique, ils sont reserves à certaines épreuves diagnostiques; les anti-aldostérones périphériques agissent au niveau du rein, et inhibent la rêabsorption sodíque (et Γexcrétion potassique) dues à cette hormone; il s'agit de stéroïdes synthétiques, chimiquement proches de l'aldostérone (spírolactones, Aldactone).
doi:10.1159/000202505
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