Les enfants des rues, l'État et les ONG : qui produit l'espace urbain ?

Marie Morelle
2006 Afriqué Contemporaine  
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il
more » ... st précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © De Boeck Supérieur | Téléchargé le 17/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) © De Boeck Supérieur | Téléchargé le 17/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83) 217 les enfants des rues Les enfants des rues, l'État et les ONG : qui produit l'espace urbain ? Les exemples de Yaoundé (Cameroun) et d'Antananarivo (Madagascar) Marie MORELLE 1 Des sans-abri occupent les espaces publics des villes africaines. Le phénomène, très ponctuel avant les années 1980, a pris une soudaine ampleur sous l'effet de la crise socio-économique. À Yaoundé, des enfants vivent en permanence dans la rue, devenue leur source de revenus et leur principal lieu de sociabilité. À Antananarivo, aux côtés de ces enfants des rues isolés, existent des familles entières. Le plus souvent, les premiers ont subi des violences domestiques les poussant à fuir leur domicile. Quant aux familles, elles ont perdu leur logement (chômage, dépenses de soin imprévues, alcoolisme, veuvage) et ne trouvent aucune activité stable. Sans revenu, elles ne peuvent s'acquitter d'un loyer et restent à la rue. Les deux capitales nationales abritent environ 1,5 million d'habitants. Au Cameroun, les enfants des rues sont moins d'un millier à déambuler dans la ville de Yaoundé. À Antananarivo, le nombre de sans-abri est à peine plus élevé, oscillant entre 1 000 et 2 000 personnes environ (chiffre sans doute sous-évalué 2 ). En dépit du malaise né de leur présence dans des espaces souvent très fréquentés, commerciaux ou de loisirs, nous 1. Docteur en géographie, Université Paris I Panthéon Sorbonne, Laboratoire Prodig. 2. UNICEF, Ministère de la population, Recensement des sans-abris à Antananarivo, Antananarivo, 1998, inédit. Il est extrêmement difficile de se fier à un quelconque recensement des sans-abri d'Antananarivo, certains ne prenant en compte que les enfants, d'autres les familles dormant à même la rue, quelques-uns y ajoutant les familles vivant dans des bidonvilles très précaires. Quelques rapports ont adopté une démarche par échantillonnage sans disposer d'une base fiable à partir de laquelle construire et évaluer cet échantillon statistique. Rares sont ceux à avoir effectué des enquêtes régulières sur une année aux mêmes endroits afin de saisir la mobilité de la rue.
doi:10.3917/afco.217.0217 fatcat:svcwvojfrzhhnptjywpnipbtri