Risques et incertitudes sur le marché mondial des huiles de palme, palmiste et coprah

Tancrède Voituriez
2000 Oléagineux, Corps gras, Lipides  
Auteur(s) : Tancrède VOITURIEZ, . Résumé : Nous essayons dans cet article de fournir les grandes caractéristiques du marché mondial des huiles végétales, avec l'intention tout d'abord de décrire la contribution des oléagineux pérennes et son évolution dans la production et le commerce mondial des huiles, puis de comprendre la nature particulière des risques attachés à ces cultures. À partir de données historiques couvrant la presque totalité du siècle, nous verrons que la situation actuelle est
more » ... une situation d'incertitude : la part des oléagineux pérennes dans l'échange stagne après avoir connu un cycle de vingt années de croissance, tandis que les deux risques fondamentaux que sont l'exposition aux fluctuations des prix mondiaux (on n'arrache pas ses arbres au gré des baisses de cours) et la rigidité de la productivité du travail (on ne sait pas mécaniser de manière satisfaisante la collecte des fruits) ne trouvent pas de solution satisfaisante. La première partie aborde ces points. Nous reviendrons dans un deuxième temps sur un exemple réussi de couverture du risque, dans le cas de l'huile de palme, avec l'exemple malaysien qui prouvera que des stratégies nationales de gestion de risque peuvent être efficaces, sinon indispensables, et complémentaires du développement d'initiatives privées. Qu'en est-il de l'Afrique et quelle est l'ampleur des risques et des contraintes qu'y rencontrent les cultures oléagineuses pérennes : ce sont les deux questions qui occuperont notre troisième et dernière partie, en réponse desquelles seront décrits la convention de Lomé et ses effets sur la production et le commerce oléagineux sur le continent africain. Nous conclurons sur l'opportunité pour l'Afrique d'augmenter ses parts de marché nationales et internationales à la lumière des éléments apportés dans les trois parties de cet article. ARTICLE Grandes caractéristiques du marché mondial des huiles et graisses Un secteur stratégique encouragé à l'origine par l'État La reconstitution de l'évolution sur près d'un siècle des échanges mondiaux d'huiles et oléagineux, mesurés en équivalent huile (oléagineux en équivalent huile + huile) à partir de différents annuaires 1 , montre distinctement la succession de trois « booms » qui, ces cinquante dernières années, ont propulsé, dans l'ordre, l'huile de soja à partir de la fin des années 50, l'huile de palme à partir de la fin des années 60 et les huiles de colza et de tournesol à partir de la fin des années 70 sur un sentier de croissance beaucoup plus pentu que ce que le monde des huiles et graisses avait connu jusque-là. Le soja est aujourd'hui l'objet de 35 % des échanges d'oléagineux et d'huile, contre 31 % pour l'huile de palme et 20 % pour le binôme colza et tournesol 2 . On peut rappeler que ces trois groupes d'oléagineux, leaders actuels du commerce des huiles végétales, sont des plantes à la production et à l'exportation desquelles on trouve, à l'origine, une incitation volontaire de l'État, incitation volontaire dont la manifestation s'observe encore sous la forme, par exemple, de prix plancher garanti (marketing loan américain), d'exemptions de taxes d'exportation ou encore d'exonérations fiscales (cas du secteur de la lipochimie en Malaisie). Ainsi des efforts publics de promotion et de développement du soja (États-Unis dès les années 30, Brésil et Argentine dans les années 80), du colza et du tournesol (Communauté 5. AFD-CIRAD (1995). L'huile de palme dans les pays du golfe de Guinée et les besoins en replantation à long terme.
doi:10.1051/ocl.2000.0140 fatcat:k4bshvrs3bhlfb32vseef7mbfy