Le conte à la scène
Christelle Bahier-Porte
2007
Féeries
Référence électronique Christelle Bahier-Porte, « Le conte à la scène », Féeries [En ligne], 4 | 2007, mis en ligne le 24 octobre 2008, consulté le 03 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/feeries/223 Ce document a été généré automatiquement le 3 mai 2019. © Féeries Le conte à la scène Enquête sur une rencontre (XVII e -XVIII e siècles) Christelle Bahier-Porte 1 LE PUBLIC DES THÉÂTRES à la fin du XVII e siècle et tout au long du XVIII e siècle est avide de spectacle et son goût pour
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... merveilleux ne se dément pas. Une simple consultation des dictionnaires des théâtres ou des calendriers des spectacles suffit pour se persuader de l'abondance des pièces à sujets merveilleux sur toutes les scènes : l'Académie royale de Musique s'en est fait une spécialité ; la Comédie Italienne, ancienne, nouvelle puis associée à l'Opéra-comique en 1762, n'abandonne jamais ce répertoire ; les théâtres de foire au début du dix-huitième siècle puis l'Opéra-comique de la fin du siècle, les théâtres privés, les théâtres d'éducation, les théâtres des boulevards et même dans une moindre mesure le prestigieux Théâtre Français entendent répondre à leur manière à ce goût persistant pour le merveilleux. S'ouvre alors un vaste champ de recherche, encore largement inexploré, à l'amateur de théâtre comme à l'amateur de contes. En effet, les contes merveilleux en vogue à la fin du dix-septième siècle vont permettre aux dramaturges de renouveler le répertoire « merveilleux » des différents théâtres en profitant en particulier d'un succès de librairie ou de la notoriété d'un auteur -Perrault est sans aucun doute, l'auteur le plus adapté du XVII e au XIX e siècle. Plus profondément, le théâtre va, tout au long du dix-huitième siècle, accompagner les évolutions du genre du conte, oriental, libertin, parodique puis moral à la fin du siècle. Il convient donc de dépasser l'aspect « socio-commercial 1 » de l'exploitation du conte à la scène pour mettre en avant les enjeux poétiques et esthétiques de cette rencontre décisive. Pour cela, nous avons choisi de faire porter notre enquête sur les adaptations de contes à la scène. Parce que l'adaptation est une pratique littéraire riche qui repose sur une relative mise à plat de la spécificité des deux genres concernés, elle permet d'aborder précisément les enjeux de la rencontre entre conte et théâtre et de révéler une identité poétique peut-être inattendue entre ces deux genres. Cette enquête revendique alors bien volontiers son caractère exploratoire et souhaite ouvrir des perspectives de recherche qui viendront l'enrichir. 2 En tout état de cause, il convient de ne pas réduire l'analyse en se plaçant du seul point de vue du conte mais d'adopter un principe de réciprocité ou d'interaction pour définir les Le conte à la scène Féeries, 4 | 2007 4 La tragédie lyrique est en effet par excellence le théâtre du merveilleux vraisemblable. Les travaux de Catherine Kintzler ont montré que le merveilleux ne doit pas être considéré comme une « convention » du genre ou un « ornement » mais bien comme la « pierre fondamentale de l'édifice 5 ». À l'opéra, comme dans le théâtre parlé, la vraisemblance est respectée mais il s'agit d'une vraisemblance qui se donne pour modèle un monde autre, un monde fictif et extraordinaire, celui de la fable et de la féerie 6 , gouverné par ses propres lois, comparables à celles du monde « naturel ». Ainsi, le Le conte à la scène Féeries, 4 | 2007 Le conte à la scène Féeries, 4 | 2007 Le conte à la scène Féeries, 4 | 2007
doi:10.4000/feeries.223
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