Espaces linguistiques comparés : trajectoires et processus transversaux

Françoise Massart-Piérard
2007 Revue Internationale de Politique Comparée  
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more » ... st précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Françoise MASSART-PIÉRARD Cet article aborde les nombreuses interférences entre espaces linguistiques en tentant de clarifier leurs signification, origine, rôle et interrelation. Après s'être penché sur l'avènement de nouveaux signifiants tels que les « X-phonies », ainsi que sur leurs signifiés pour épingler les enjeux qu'ils cachent, il présentera, sous un angle géopolitique, les développements récents d'un ensemble d'espaces linguistiques et/ou culturels. La construction des espaces linguistiques en tant que réalité sociale, politique et internationale La Francophonie, un modèle ? Les « x-phonies » : une invention de langue française ? Bien des langues sont parlées en dehors du territoire national. Les langues internationales les plus répandues et les plus étudiées dans le monde donnent ainsi naissance à la constitution d'espaces où elles se trouvent représentées 3 . La langue française les nomme couramment : hispanophonie, arabophonie, lusophonie, germanophonie, turcophonie, sinophonie... sur le modèle du mot francophonie, ce mot qui (avec la minuscule) se limitait à désigner les gens parlant le français 4 . Or, le sens de ce mot a évolué : « francophonie » est, en effet, un terme qui, depuis sa renaissance au début des années soixante 5 est devenu plurivalent. Il recouvre « des spécificités linguistiques, culturelles, médiatiques et politiques » 6 . Jean-Marc Léger, un observateur engagé, ne manque pas de relever les ambiguïtés propres à la « francophonie ». Elles portent tant sur le mot que sur la nature du rapport à la langue commune. Les images auxquelles renvoie le terme « francophonie » sont entachées de confusion quand elle ne sont pas contrastées 7 . De plus, le rapport à la langue « commune » demeure « variable d'un pays à l'autre, d'un groupe de pays à l'autre » 8 . Aux lendemains du premier Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement « ayant le français en commun » (1987), J.-M. Léger insistait encore sur l'ambiguïté hypothéquant l'effort d'organisation de la communauté des « pays de langue française » car le terme même de francophonie, outre d'entretenir l'équivoque, gêne un nombre considérable de pays ». Le français peut en effet être utilisé dans un pays (qui sera alors de langue fran-3. BARRAT J., Géopolitique de la Francophonie, Paris, PUF, 1997, p. 15. 4. Tel était en tout cas le sens minimaliste que lui donnait en 1880 Onésime Reclus, son inventeur, dans son ouvrage si souvent cité « France, Algérie et colonies ». 5. Mais la « francophonie » trouve une nouvelle vie depuis le début des années 60, avec la parution du numéro spécial de la Revue Esprit consacré au « Français, langue vivante », Esprit, novembre 1962 dans lequel il est fait référence à la « francophonie ». 6. MIGUET A., « Francophonie et Europe » dans JONES B., MIGUET A. et CORCORAN P. (dir.),
doi:10.3917/ripc.141.0165 fatcat:aq2dvqlygzeqvb6ksoicjoasca