Des paysages forestiers aux paysages arborés ? Le cas du lotissement agricole Velasco Ibarra (Churute Équateur)

Samuel Perichon
2008 Agricultures  
de la recherche en sciences sociales, Université de Haute Bretagne, 8, place du Recteur Henri Le Moal, 35053 Rennes cedex Résumé Au pied du Cerro Simalón, cinquante lots de trente hectares de forêt ont été concédés à des familles ouvrières en 1961. À leur entrée dans le lotissement, des logements provisoires ont été construits en bordure de chemin et des jardins de subsistance, aménagés. Par la suite, les familles ont déboisé de larges surfaces pour installer des cultures de rente en lisière de
more » ... forêt ; elles ont bâti des maisons sur pilotis en bois et en bambou. La pratique du brûlis était le moyen le plus économique, le plus efficace et le plus rapide pour convertir cette forêt sèche en terres agricoles. Pour les enquêtés, la conversion des sols boisés a favorisé la croissance économique et permis de réduire la pauvreté. La perception très négative qu'ils ont des forêts natives, ne vaut pas pour l'arbre champêtre. La vente de fruits sur les marchés de Milagro est en effet une source de revenu non négligeable pour les cultivateurs de Churute. La vente de bois sur pied est plus rare, car, dans les esprits, cette production paraît contraignante et peu rémunératrice. L'arrivée d'éleveurs bovins dans les années 1980 marque une rupture dans l'histoire du lotissement, dans le sens où elle implique une gestion des territoires favorable aux arbres : directement, par le boisement des lots ; indirectement, par l'installation de haies défensives le long des parcours pastoraux. Ce nouveau paysage arboré correspond sans doute à une nouvelle réalité sociale. Abstract From forest landscape to tree landscape? The case of the Velasco Ibarra farming plots (Churute, Ecuador) At the foot of Cerro Simalón, fifty forest plots measuring 74 acres were allocated to agricultural labour families in 1961. When they arrived in Churute, the settlers built small houses and established subsistence gardens. Thereafter, they deforested large areas to sow rice and build new houses on stilts made of bamboo and wood. Fire was the first tool that farmers used to destroy the forest. According to the Churute farmers, the conversion of native forest to commercial plantations and pasture land contributed to the economic growth and to the fight against poverty. However, what is right for a forest, may not be good for a tree. Indeed, the sale of fruit is an additional source of income. The farmers sell mainly cocoa, green lime and avocado. Several wholesale farmers' markets are located in Milagro. On the other hand, timber production is not regarded as a priority, with financial returns seeming to be too far away to comprehend or to represent an advantage. The arrival of stockbreeders in the 1980s implied potential changes in the landscape composition and structure. Cattle breeding encourages a return to native trees in the direct form of support for the regeneration of pioneer trees or the planting of tree plantations and indirect support in the construction of defensive hedges. These changes in the landscape might be the visible consequences of the evolution of agricultural and social pratices.
doi:10.1684/agr.2008.0235 fatcat:yspxawn3evfcjheddlgprudnw4